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Castration chirurgicale des porcs : l’Europe parviendra-t-elle à bannir cette pratique d’ici à 2018 ?

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Castration chirurgicale des porcs : l’Europe parviendra-t-elle à bannir cette pratique d’ici à 2018 ?

L’abandon de la castration chirurgicale des porcelets dans l’Union européenne, c’est théoriquement pour bientôt. Dans deux ans, cette procédure douloureuse devrait être interdite en élevage porcin, selon l’échéance fixée en 2010*. La Fédération des vétérinaires d’Europe (FVE) a donc mené une enquête en ligne pour déterminer les progrès réalisés dans les différents pays européens en matière de castration des porcs. L’étude dresse un bilan de cette pratique dans 24 États membres. Elle fournit également un aperçu sur la faisabilité et l’efficacité des solutions alternatives mises en œuvre. Les résultats sont publiés dans l’European Journal of Porcine Health Management**.

 

La castration des porcs mâles, pratiquée pour prévenir le développement d’un comportement agressif ou sexuel indésirable et réduire l’odeur de verrat, est une intervention douloureuse et stressante, qui affecte le bien-être des animaux. Pour mettre progressivement un terme à cette pratique en Europe, la Commission européenne a réuni, fin 2010, les différents acteurs de la filière porcine (vétérinaires, éleveurs, industriels de la viande, organisations de protection animale, etc.). Ils ont alors adopté la « Déclaration européenne sur les alternatives à la castration chirurgicale des porcs »* avec pour objectif l’élimination définitive de cet acte dans tous les pays de l’Union européenne (UE) et de l’Association européenne de libre-échange (AELE) au 1er janvier 2018. Selon la première phase de cette initiative volontaire, une analgésie prolongée et/ou une anesthésie doivent déjà accompagner toute castration chirurgicale depuis le 1er janvier 2012.

Fin 2015, la FVE et la Commission européenne ont décidé de faire un point d’étape dans les différents pays concernés, via un sondage en ligne. Chaque État a été interrogé sur le pourcentage estimé de porcelets castrés, de castrés avec analgésie et anesthésie, de castrés avec analgésie seulement, de castrés sans analgésie ni anesthésie, de castrés chimiquement. Au total, 40 questionnaires provenant de 24 pays ont été retenus. Après l’enquête, des experts (vétérinaires porcins) issus de 9 pays ont été consultés pour vérifier les réponses et obtenir des informations plus détaillées.

 

2,7 % de porcs européens immunocastrés

castration-des-porceletsDans 19 des 24 pays qui ont participé à l’enquête, plus de 80 % des porcs sont castrés par voie chirurgicale. En Irlande, au Portugal, en Espagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, qui produisent surtout des mâles entiers, ce taux chute à 20 %. Globalement, sur les 61 % de porcs mâles castrés chirurgicalement en Europe, seulement 5 % ont bénéficié d’une anesthésie (procaïne le plus souvent) et d’une analgésie (méloxicam, kétoprofène, flunixine et azapérone essentiellement), 41 % d’une analgésie seule, et 54 % sans anesthésie ni analgésie (versus 79 % en 2010). Pour la moitié des pays interrogés, la méthode d’anesthésie et d’analgésie appliquée n’est pas efficace. Cependant, ceux qui y ont recours depuis longtemps, comme la Norvège (99 % de porcelets castrés sous anesthésie et analgésie postopératoire), la Suisse (97 %), les Pays-Bas (30 %) et la Suède (24 %), estiment à l’inverse que ce protocole est pratique et efficace. Quant à l’immunocastration, elle concerne en moyenne 2,7 % du cheptel porcin mâle (médiane 0,2 %) dans les pays étudiés. La Belgique affiche le pourcentage le plus élevé, avec 18 % de porcs immunocastrés. La castration chimique est aussi en progression en République tchèque, en Norvège, en Roumanie, en Espagne et en Suède. De même, la France, l’Allemagne, la Suisse et la Belgique observent un accroissement de la production de mâles entiers ces dernières années, et la hausse est encore plus nette aux Pays-Bas.

Selon l’enquête, 7 pays castrent plus de 70 % de leurs porcelets mâles en utilisant l’analgésie seule. En France, la moitié des porcs castrés ont bénéficié d’une analgésie. Dans la plupart des autres pays, l’administration d’un analgésique ne profite qu’à environ 10 % des animaux castrés. Toutefois, au cours des trois à cinq dernières années, l’Autriche, le Danemark, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Islande et le Luxembourg constatent une augmentation du nombre de porcelets castrés sous anesthésie et/ou analgésie.

 

Un tableau incomplet

Toutefois, dans la plupart des pays, des données statistiques fiables sur le nombre de porcs castrés et sur les méthodes utilisées manquent ou ne sont pas disponibles. Par conséquent, les résultats de l’enquête de la FVE ne peuvent pas refléter la situation dans l’ensemble de l’Europe, ni fournir une image complète. Néanmoins, sur la base des chiffres obtenus, il apparaît que les échéances du 1er janvier 2012 (castration de tous les porcs élevés dans les pays de l’UE et de l’AELE sous analgésie prolongée et/ou anesthésie) et du 1er janvier 2018 (abandon de la castration chirurgicale des porcs) ne sont pas respectées dans la majorité des États. L’objectif final est loin d’être atteint. Si plusieurs pays ont fixé des délais pour l’interdiction de la castration chirurgicale sans analgésie et/ou anesthésie, aucun n’a programmé l’arrêt définitif de cette intervention.

Malgré tout, selon les pays, l’immunocastration et la production de mâles entiers sont envisagées comme des alternatives prometteuses à la castration chirurgicale, même si le pourcentage de porcelets immunocastrés est encore très faible et que 5 pays seulement ne castrent plus les mâles. En parallèle, l’efficacité de l’analgésie seule pour soulager la douleur postopératoire reste à démontrer. La priorité, pour progresser davantage, est désormais d’adopter d’un commun accord une série de protocoles d’analgésie et/ou d’anesthésie, pratiques et efficaces, tant au niveau national qu’européen.

Toutefois, compte tenu du climat économique actuel, les auteurs de l’enquête redoutent que les éleveurs européens rechignent à mettre en œuvre les mesures prévues dans la « Déclaration européenne sur les alternatives à la castration chirurgicale des porcs », à moins de les rendre obligatoires, d’une manière ou d’une autre.

 

* https://ec.europa.eu/food/sites/food/files/animals/docs/aw_prac_farm_pigs_cast-alt_declaration_fr.pdf

** http://porcinehealthmanagement.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40813-016-0046-x

 

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