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Antivenin universel : un espoir contre les morsures de serpents les plus venimeux

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Antivenin universel : un espoir contre les morsures de serpents les plus venimeux

Des scientifiques ont peut-être trouvé la solution pour neutraliser le venin des serpents les plus dangereux au monde grâce à un antivenin innovant et polyvalent.

 

Cette avancée combine des anticorps humains issus d’un donneur exceptionnellement immunisé et une petite molécule inhibitrice, pour cibler les neurotoxines présentes dans le venin de 19 espèces différentes de serpents venimeux.

 

Un donneur naturellement immunisé

Tout a commencé par un patient hors-norme qui s’est volontairement exposé, de manière répétée et contrôlée, à divers venins de serpents. Ce processus a permis à son système immunitaire de développer des anticorps puissants et variés contre une large gamme de toxines. Ces anticorps ont ensuite été isolés, sélectionnés et reproduits en laboratoire.

 

Une double attaque contre les toxines

Le traitement ne repose pas uniquement sur ces anticorps. Les chercheurs y ont associé une petite molécule, appelée varespladib, déjà connue pour sa capacité à inhiber certaines enzymes toxiques du venin. Ensemble, ces deux composants agissent en synergie pour neutraliser les effets paralysants des venins neurotoxiques, en empêchant leur action sur le système nerveux central.

 

Résultats prometteurs sur les animaux

Lors des tests effectués sur des souris, le cocktail s’est révélé efficace contre les neurotoxines de serpents tels que le mamba noir, le cobra indien, le cobra royal et le serpent tigre australien. Il a permis non seulement d’empêcher la paralysie, mais aussi de sauver les animaux même lorsque le traitement était administré après l’exposition au venin, un élément crucial pour une utilisation en conditions réelles.

 

Une révolution attendue pour les pays à risque

Les morsures de serpents provoquent chaque année plus de 100 000 morts dans le monde, principalement dans les pays tropicaux où l’accès aux soins est limité. Actuellement, les antivenins sont spécifiques à chaque espèce et doivent être administrés rapidement, ce qui complique la prise en charge.

Un antivenin capable de fonctionner contre plusieurs types de venins représenterait un tournant majeur en médecine tropicale (plus facile à stocker, à administrer et à déployer dans les régions reculées). Prochaine étape ? La phase clinique chez l’humain pour vérifier l’efficacité et la sécurité du traitement. « Notre objectif est de créer un traitement qui ne dépende pas de l’identification précise du serpent mordeur. Cela pourrait sauver des milliers de vies chaque année, en particulier dans les zones rurales. »

 

Morsures de serpents : une urgence sanitaire négligée

Longtemps reléguées au second plan des priorités de santé publique mondiale, les morsures de serpent représentent pourtant une cause majeure de morbidité et de mortalité, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 4,5 à 5,4 millions de personnes sont mordues par des serpents venimeux chaque année, avec 1,8 à 2,7 millions de cas d’envenimation entraînant jusqu’à 138 000 décès et environ 400 000 cas de séquelles invalidantes.

 

Une priorité dans les zones tropicales

Les régions les plus affectées sont l’Asie du Sud (notamment l’Inde), l’Afrique subsaharienne, certaines parties de l’Asie du Sud-Est, ainsi que l’Amérique latine tropicale. L’Inde concentre à elle seule près de la moitié des décès mondiaux liés aux morsures, selon plusieurs études épidémiologiques récentes. Les facteurs de vulnérabilité incluent :

  • la proximité avec les habitats naturels des serpents (zones agricoles) ;
  • l’absence de chaussures de protection ;
  • le manque de systèmes de référence efficaces ;
  • l’insuffisance des stocks d’antivenins ;
  • l’usage fréquent des médecines traditionnelles retardant une prise en charge appropriée.

 

Un traitement efficace mais sous-utilisé

Le traitement repose principalement sur l’administration précoce d’un antivenin spécifique, conçu à partir de sérums polyclonaux neutralisant les toxines. Cependant, l’offre est fragmentée, coûteuse, parfois mal adaptée aux espèces locales, et la chaîne logistique est souvent défaillante dans les zones endémiques.

L’OMS a classé les morsures de serpents parmi les maladies tropicales négligées, soulignant l’absence de volonté politique, de financements durables et de solutions technologiques adaptées. Le taux de létalité pourrait pourtant être drastiquement réduit par des mesures simples telles que :

  • le renforcement des stocks d’antivenins polyvalents à un prix accessible ;
  • la mise en place de formations pour les personnels de santé ruraux ;
  • des systèmes de référence et de transport médical d’urgence ;
  • une surveillance épidémiologique centralisée.

 

Une feuille de route mondiale d’ici à 2030

En 2019, l’OMS a lancé une stratégie ambitieuse : réduire de moitié les décès et les incapacités liés aux morsures de serpents d’ici à 2030. Cette initiative comprend :

  • le développement de nouveaux antivenins à large spectre ;
  • l’amélioration de la recherche clinique ;
  • des investissements publics-privés pour la production de sérums ;
  • des campagnes de sensibilisation communautaires.

 

La prise en charge des morsures de serpents combine des enjeux médicaux, logistiques et socio-économiques. Si des avancées scientifiques récentes (anticorps humains, inhibiteurs moléculaires) promettent des traitements plus efficaces, l’accès, le financement et l’intégration dans les politiques nationales de santé restent les principaux défis. Dans les zones à forte incidence, il s’agit d’une urgence vitale.

 

 

 

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