L’Intergroup on the Welfare and Conservation of Animal du Parlement européen, lors de sa 310e session à Strasbourg, a invité la Commission à proscrire dès que possible les méthodes de mise à mort des animaux qui provoquent une souffrance intense, comme l’abattage sans étourdissement, le gazage au dioxyde de carbone des porcs et les bains électriques pour les volailles.
Cette demande de l’Intergroup a suivi la présentation par trois organisations de défense des animaux (Eurogroup for Animals, Eyes on Animals et Gaia) des analyses d’impact sur le bien-être animal du nouveau règlement* européen « sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort ».
La plupart des citoyens croient que ce texte, applicable depuis le 1er janvier 2013, a amélioré les conditions d’abattage des animaux. En réalité, les trois intervenants ont démontré que les progrès demeurent très limités et que les méthodes d’abattage génératrices de douleur ou de détresse sont encore largement utilisées. En outre, les audits menés par l’Office alimentaire et vétérinaire (OAV) depuis 2013 dans quatorze États membres font apparaître que la réglementation communautaire n’est pas correctement appliquée ni respectée.
L’Eurogroup for Animals reconnaît que certaines dispositions du règlement sont positives, comme l’obligation de formation pour le personnel des abattoirs ou la désignation d’un responsable du bien-être des animaux. Mais il dénonce par ailleurs les points négatifs de la législation, comme la possibilité de gazer les porcs à l’aide de CO2 ou de plonger les volailles dans un bain-marie électrique. Or malgré les nombreux manquements relevés par les inspecteurs de l’OAV, la Commission européenne a préféré initier un programme de formation sur trois ans plutôt que de lancer une procédure d’infraction contre les pays contrevenants. Pendant ce temps, des millions d’animaux continuent de souffrir inutilement lors de l’abattage.
De son côté, Eyes on Animals dénonce également l’étourdissement des porcs au dioxyde de carbone, une méthode qui génère douleur et panique chez ces animaux sur une durée pouvant aller jusqu’à une minute. Pourtant, il y a dix ans déjà, l’Autorité européenne de sécurité des aliments avait demandé aux États membres de renoncer à cette méthode qualifiée d’inhumaine.
Enfin, l’association belge Gaia a démontré la souffrance des animaux abattus sans étourdissement. Cette pratique d’abattage est malheureusement encore tolérée dans de nombreux États membres, dont la France, en dépit de toutes les preuves scientifiques qui montrent à quel point elle est barbare. La plupart des députés européens ont été choqués de constater que de tels procédés sont encore utilisés en Europe, et ils ont appelé la Commission à réagir rapidement et de manière plus proactive.
En conclusion des débats, Janusz Wojciechowski, président de l’Intergroup,a qualifié la situation d’inacceptable. Selon lui, la Commission européenne ne peut accepter que les dysfonctionnements identifiés par son propre service d’enquête puissent n’être corrigés que par des mesures de formation. Il préconise de lancer des procédures d’infraction dès que possible, afin d’améliorer le bien-être des animaux au moment de leur mise à mort, sans exception.
* Règlement (CE) n° 1099/2009 du Conseil de l’Union européenne du 24 septembre 2009.