Depuis quelques semaines, le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) communique intensément sur son nouveau projet : la création d’une centrale de négociation du médicament vétérinaire. Il ne s’agit donc plus d’une nouvelle centrale d’achat ou de référencement. Pierre Buisson, président du SNVEL, détaille ce projet.
Table des matières
Centrale d’achat, de référencement, de négociation ? Quel sera réellement l’objet de cette société ?
En aucun cas nous ne souhaitons créer une centrale de référencement ou nous substituer au rôle des centrales vétérinaires dont il faut souligner la qualité des prestations logistiques, indispensables à la vie de nos cliniques.
L’objectif de cette initiative est de, comme cela se pratique couramment dans le domaine de la pharmacie humaine, par exemple.
Pourquoi un tel projet dans un contexte politique délicat en matière de médicament ?
Aujourd’hui, il n’existe aucune initiative collective et éthique. Cela fait longtemps que les centrales vétérinaires ont perdu leur rôle dans la détermination du prix d’achat réel.
Nous demandons seulement à ce que les praticiens puissent se consacrer davantage au développement des relations avec leur clientèle, plutôt qu’aux négociations commerciales avec l’industrie pharmaceutique.
La négociation commerciale a aujourd’hui pris le pas sur l’appui technique, le rôle des délégués pourrait se recentrer sur le conseil.
En outre, nous aspirons à plus de transparence et d’équité.
Transparence face aux laboratoires qui refusent depuis des années de nous communiquer leurs conditions générales de vente ; équité vis-à-vis des pratiques douteuses de certains groupements d’intérêts économiques et de pharmaciens.
Dans le contexte actuel difficile où se trouve la place du médicament dans les débats de la société, la transparence nous parait essentielle.
Votre objectif est donc de créer un nouveau modèle de délivrance du médicament ?
C ‘est la dynamique qui doit être modifiée, face à l’opacité précitée et au système des marges arrière, qui parfois s’apparente à une bulle spéculative, il s’agit de conduire une évolution progressive des pratiques.
Nous souhaitons réguler l’importance des remises arrière, tout en préservant les ressources issues de la prescription associée à la délivrance du médicament.
L’objectif d’Isovet est de diminuer l’amplitude des conditions commerciales favorisant les positions dominantes liées uniquement aux volumes d’achat. C‘est donc aussi une stratégie de lutte contre l’affairisme.
Pour résumer, sortir la négociation commerciale de la clinique vétérinaire, c’est garantir davantage de liberté de prescription et contribuer à une meilleure valorisation de l’acte de délivrance.
On a souvent prêté au SNVEL la volonté d’opposer la valorisation de l’acte vétérinaire à la délivrance du médicament, d’aucuns considérant même qu’il est de l’intérêt du vétérinaire de ne pas délivrer pour mieux valoriser l’acte. Qu’en est-il ?
C’est faux ! L’acte et le médicament sont indissociables de la médecine. Les deux doivent être valorisés sans que l’un prenne le pas sur l’autre. Le médicament est la prolongation de l’acte, mais le flux de clientèle qu’il entretient dans nos cliniques est aussi générateur d’actes. Par exemple, la réalisation d’un bilan cardiologique n’a de sens que parce que nous disposons aujourd’hui de médicaments efficaces dont le choix de renouvellement sera conditionné par les résultats du bilan.
La place des vétérinaires dans la délivrance, leur permet une réactivité inégalée par l’examen de la pertinence de la demande de renouvellement.
C’est une opportunité que nous entendons valoriser.
Séparer la prescription de la délivrance n’apporte pas les bénéfices escomptés par certains : le médicament en renouvellement est un élément de fidélisation valorisant la compétence du vétérinaire : il assure alors le suivi de l’animal, et de son bien-être. C’est ce qu’attend le propriétaire quand il entre dans une clinique vétérinaire.
En outre, l’enveloppe budgétaire des propriétaires d’animaux n’est pas extensible. Aussi, détruire le couple prescription-délivrance, c’est remettre sérieusement en question le bien-être des animaux et la sécurité sanitaire des aliments d’origine animale.
Enfin, retirer la délivrance du médicament au vétérinaire, c’est supprimer le maillage local de cette délivrance. Les pharmaciens ne peuvent assumer ce rôle de proximité sur l’ensemble du territoire. De plus, ils connaîtraient de grosses difficultés d’approvisionnement et de gestion de stock. A la fin, le détenteur de l’animal serait perdant, car les prix seraient également revus à la hausse en raison d’une délivrance davantage atomisée.
C’est un mauvais calcul que certains lobbies veulent mettre à leur profit.
Concrètement, comment les praticiens vont-ils intégrer l’entreprise Isovet ?
Soucieux de l’économie du dispositif, nous avons choisi une dématérialisation complète.
Le vétérinaire qui souhaite donner mandat à la Centrale, se connecte au site www.isovet.fr (ouverture le 21 juillet). Après identification avec ses codes ordinaux, il effectuera sa demande d’adhésion, nous communiquera les coordonnées de sa (ses) centrale(s) d’achat, ses numéros clients ainsi que la liste des laboratoires fournisseurs pour lesquels il entend donner mandat. Une commission validera son adhésion, puis Isovet, à l’aide des statistiques établies par sa centrale d’achat sur les achats passés, les regroupera en vue de préparer la négociation collective.
L‘inscription annuelle (environ 100 €) correspondra à des frais fixes administratifs, A cela s’ajoutera une quote-part que le vétérinaire devra verser, proportionnelle au montant des achats négociés par Isovet. Par médicament, il faut entendre l’ensemble des produits disponibles en centrale, donc non limités au critère AMM. Une commission valide les mandats proposés sans avoir à justifier un éventuel refus.
Un vétérinaire client devra mettre en place des contreparties. Nous proposerons ainsi divers outils de développement éthique du marché. En fin de compte, le vétérinaire entre dans une communauté de services, ce qui diffère de l’action syndicale, qui est une communauté « politique ».
Pour la campagne 2012, la liste des mandats retenus sera bouclée mi-octobre. Les confrères intéressés doivent donc se faire connaître rapidement (www.isovet.fr). En effet, les négociations avec l’industrie devront avoir lieu dès le mois de novembre.
L’ensemble des remises reviendra aux praticiens en toute transparence. L’objectif de l’entreprise n’étant pas de dégager de bénéfices, mais de proposer aux confrères, un nouvel outil qui les libère d’une négociation chronophage pour se concentrer sur le développement de leur activité au travers de leurs compétences.