L’université de Nottingham a mené une enquête au sein de 358 fermes laitières, représentant 7 % du cheptel des vaches britanniques, afin de faire un état des lieux des différents usages des antibiotiques dans la filière lait. Selon les résultats de cette étude, sur une année, 25 % des exploitations ont consommé 50 % des antibiotiques totaux ! Un nouvel outil en ligne est proposé pour une utilisation plus responsable des antimicrobiens en élevage laitier.
L’école vétérinaire de Nottingham a développé et mis en ligne un outil en téléchargement gratuit destiné à la fois aux vétérinaires et aux éleveurs laitiers, permettant de mieux évaluer les consommations d’antibiotiques et de réduire leur usage, pour aider à lutter contre l’antibiorésistance. Le Dairy Antimicrobial Usage Calculator permet ainsi d’obtenir des mesures comparables via la conversion des consommations de chaque ferme selon des indicateurs communs : mg/pcu (Population Correction Unit) ou DDD (Defined Daily Dose). Le recours aux antibiotiques critiques peut également être calculé et visualisé.
Au-delà d’un objectif de surveillance individuelle pour l’éleveur, cet outil a également des ambitions plus larges puisqu’il propose une analyse comparative (Antimicrobial Usage Benchmarking Tool) incluant l’ensemble des fermes laitières ayant téléchargé le calculateur. Les données relatives à plusieurs exploitations peuvent être extraites, notamment sous forme de graphiques, ce qui permet de comparer facilement les consommations d’antibiotiques.
Sur une période de douze mois, et un échantillon de quelque 81 000 vaches laitières, l’étude a révélé que la plupart des antibiotiques étaient administrés par injection (soit 78 % du total des antibiotiques utilisés ou vendus en élevage). En outre, il est apparu que d’énormes quantités d’antibiotiques sont administrées via les pédiluves, notamment pour traiter la dermatite digitale. Dans le cadre de la lutte contre l’antibiorésistance, ce mode d’administration représente une cible de choix pour réduire rapidement la consommation d’antimicrobiens.
Au Royaume-Uni, les ventes d’antibiotiques pour les animaux de rente ont diminué, passant de 62 mg/kg à 45 mg/kg en deux ans. Une tendance légèrement inférieure à ce qui est constaté en France, mais qui va dans le même sens. Tout l’enjeu des nouvelles baisses sera d’allier prévention, efficacité et utilisation réduite au minimum, tout en préservant le bien-être et la santé des animaux, et par conséquent celle des consommateurs.
Selon l’université de Nottingham, une cinquantaine de vétérinaires ont d’ores et déjà intégré le calculateur dans leur pratique. Reste à le généraliser, car l’analyse comparative doit se faire au niveau national pour que le système soit représentatif des usages dans l’ensemble de la filière bovine. Une démarche similaire est en cours de développement chez les ovins.