Les recherches menées outre-Atlantique pour prévenir la coccidioïdomycose chez le chien vont bénéficier d’une subvention de 4,8 millions de dollars accordée par les National Institutes of Health. Ce financement va permettre aux chercheurs américains de développer le candidat vaccin delta-CPS1 sur lequel ils travaillent depuis des années. Testé avec succès chez la souris, le vaccin destiné au chien pourrait être mis sur le marché d’ici à cinq ans. À terme, l’objectif est de mettre au point un vaccin pour prévenir la maladie chez l’homme.
Il n’existe actuellement aucune mesure de prévention ni aucun traitement efficace contre la coccidioïdomycose, également connue sous le nom de fièvre de la vallée ou fièvre du désert. Tous les ans, environ 200 000 personnes sont infectées. Rien qu’en Arizona, 30 000 personnes et 60 000 chiens contractent cette infection fongique chaque année. Potentiellement mortelle chez l’homme et le chien, elle a provoqué le décès d’une cinquantaine de personnes dans cet État américain l’an dernier.
Le champignon Coccidioides immitis à l’origine de la maladie se rencontre principalement dans les zones arides et désertiques de l’ouest et du sud-ouest des États-Unis (Arizona, Californie, Texas, Nouveau Mexique, Nevada, Utah), mais aussi dans les régions chaudes de plusieurs pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Cette mycose endémique, qui résulte de l’inhalation d’arthrospores présentes dans les sols désertiques, affecte en premier lieu les voies respiratoires. Il suffit d’inhaler une seule spore pour être infecté. Mais, comme chez l’homme, la plupart des chiens qui contractent la fièvre de la vallée restent asymptomatiques.
Chez ceux qui développent la maladie, les signes cliniques sont peu spécifiques : une toux sévère, une hyperthermie, une perte de poids et d’appétit, une léthargie. Ces symptômes peuvent évoluer rapidement vers une pneumonie sévère. Il n’est pas rare que l’infection se propage à d’autres parties du corps ou organes (membres, ganglions lymphatiques, peau, os du cou et du dos, etc.), voire devienne systémique et chronique. La perte de poids peut être extrême chez les chiens atteints, associée à une atrophie musculaire et à une boiterie. Dans certains cas, des convulsions et une paralysie sont observées. Ces symptômes, douloureux, surviennent généralement trois semaines après l’exposition au champignon. Les animaux atteints ne sont pas contagieux pour leurs congénères ou pour l’homme.
Les frais vétérinaires induits par la maladie sont élevés. Le traitement coûte cher (4 à 6 $ par jour de médicaments antifongiques) et doit, dans certains cas, être poursuivi à vie. Ajoutés aux analyses sérologiques, aux examens d’imagerie et autres biopsies, les dépenses de santé engendrées peuvent représenter plusieurs milliers de dollars par an et poussent certains propriétaires à demander l’euthanasie de leur animal.
Le vaccin delta-CPS1 a subi des tests approfondis chez la souris. Le financement décroché par l’université d’Arizona va servir à lancer les premiers essais cliniques chez le chien. Le candidat vaccin sera principalement testé chez des chiens originaires d’Arizona, ainsi que de Californie. Il est d’ores et déjà envisagé de rendre son prix abordable. Mais même s’il coûte 100 $ par animal, l’immunisation restera bien moins onéreuse que le traitement requis actuellement. Le protocole vaccinal (fréquence, rappels) reste à déterminer. De même, différents réactifs sont testés pour garantir l’efficacité et la viabilité du futur vaccin.