vendredi, novembre 22, 2024
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Anthrax : les rennes de Sibérie touchés par le réveil du bacille du charbon

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Anthrax : les rennes de Sibérie touchés par le réveil du bacille du charbon

Après un sommeil de 75 ans, le charbon (ou anthrax) a refait surface dans le Grand Nord russe. La bactérie Bacillus anthracis a déjà fait une victime, un enfant de douze ans, tandis que huit autres personnes sont contaminées et des dizaines hospitalisées. Quelque 2 400 rennes infectés sont morts en une dizaine de jours. Pour enrayer l’épidémie, la population a été placée en quarantaine et les troupeaux de rennes domestiques sont vaccinés en urgence. Dans cette région de Sibérie occidentale, essentiellement peuplée d’éleveurs nomades, le dernier foyer d’infection par le bacille charbonneux remonte à 1941.

 

Anthrax charbon Bacillus_anthracis_GramDans un premier temps, les autorités sanitaires russes ont expliqué la survenue de cette flambée de charbon en Sibérie par le réchauffement climatique, qui entraîne le dégel des sols dans les régions arctiques*. Un été anormalement chaud, avec des températures dépassant les 35° au lieu de 17° les années précédentes, a fait fondre le pergélisol (ou permafrost) dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie, libérant la carcasse enfouie d’un renne infecté par l’anthrax. Les spores, qui résistent plusieurs décennies dans le sol, se seraient réveillées à la faveur de la vague de chaleur avant d’être ingérées par les nombreux troupeaux qui pâturent dans la péninsule de Yamal. Plusieurs milliers de Nénètses et de Khantys y élèvent un cheptel d’environ 500 000 rennes domestiques.

Aujourd’hui, l’origine de l’épidémie d’anthrax est plutôt recherchée du côté d’un ancien cimetière traditionnel local, où les corps reposent dans des cercueils en bois posés sur des tertres, et non enterrés profondément. Redevenues infectieuses par la hausse des températures, les spores de la bactérie auraient alors été transportées par le vent. La région touchée était considérée comme indemne de la maladie du charbon depuis 1968, aucun cas n’ayant été recensé depuis 1941, tant au sein de la population que chez l’animal.

Entre le 24 et le 31 juillet, 1 500 rennes infectés sont morts, et ce chiffre a presque doublé ces derniers jours. L’infection, aiguë et mortelle, a rapidement contaminé l’homme, hôte accidentel, dans cette région d’élevage pourtant faiblement peuplée. Après le décès d’un enfant dû à la forme intestinale de la maladie, contractée après l’ingestion de viande infectée, 72 personnes, dont 41 enfants, ont été hospitalisées dans la ville de Salekhard afin de limiter les risques de propagation parmi la population. Au moins huit autres cas sont d’ores et déjà confirmés, dont trois chez des enfants. Une campagne de vaccination de 4 500 rennes a également été lancée, avec l’objectif d’en immuniser 41 000 en deux semaines environ. Toute la région de Iamalo-Nénétsie est en outre placée sous quarantaine et son gouverneur a décrété l’état d’urgence, dépêchant sur place des équipes de secours de l’armée spécialisées dans la guerre biologique pour contrer l’épidémie d’anthrax. Sur le terrain, un site dédié à l’incinération des carcasses d’animaux morts a été délimité, un camp de base et un laboratoire seront édifiés à côté. Si la méthode d’élimination choisie est la plus efficace, elle n’est pas sans risque dans une zone où les incendies sont nombreux.

 

* Voir aussi : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22114567

 

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