mercredi, août 27, 2025
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Fièvre catarrhale ovine : le virus pourrait aussi menacer les chiens

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Fièvre catarrhale ovine : le virus pourrait aussi menacer les chiens

Longtemps considérée comme une maladie n’affectant que les ruminants, la fièvre catarrhale ovine (FCO) pourrait bien élargir son spectre. C’est ce que suggère une revue scientifique publiée dans Veterinary Sciences, qui alerte sur des cas documentés chez les carnivores, notamment les chiens. Un changement de paradigme qui appelle à revoir les outils de surveillance et les pratiques vétérinaires.

 

Un virus qui ne se cantonne plus au mouton

La FCO est provoquée par un virus à ARN du genre Orbivirus, transmis par des moucherons piqueurs du genre Culicoides. Jusqu’ici, le virus de la maladie de la langue bleue était surtout étudié chez les ovins et les bovins, chez lesquels il provoque fièvre, œdèmes, troubles respiratoires et lésions buccales. Mais plusieurs observations récentes viennent bousculer cette barrière d’espèce. Selon les données compilées par des chercheuses, des cas d’infection ont été décrits chez des chiens, tant en Europe qu’en Afrique du Nord, dans des contextes variés : exposition à des vecteurs, ingestion de viande contaminée ou contacts avec des ruminants infectés. Dans plusieurs cas, les chiens présentaient des signes cliniques sévères (atteintes neurologiques, hémorragies internes) et certains en sont morts.

 

Infection silencieuse ou risque sous-estimé ?

Difficile aujourd’hui d’estimer l’ampleur du phénomène. Car chez les carnivores, le tableau clinique n’est pas toujours typique. Les signes sont souvent discrets, voire absents, ce qui rend le virus difficile à repérer sans tests ciblés. En outre, les vétérinaires ne pensent pas spontanément à la FCO lorsqu’ils examinent un chien présentant de la fièvre ou une baisse d’appétit. Ainsi, la maladie est probablement sous-diagnostiquée, donc non surveillée.

 

Comment les chiens sont-ils infectés ?

Deux voies de transmission sont évoquées. La plus classique reste la piqûre d’insectes vecteurs, actifs principalement en zone rurale ou pendant la saison chaude. Mais l’étude insiste aussi sur un autre mode d’infection plausible, encore peu exploré dans la littérature : la voie orale. Des chiens ayant ingéré des abats ou des carcasses d’animaux infectés, notamment dans des contextes d’élevage ou de chasse, ont ensuite développé une forme aiguë de la maladie. Ce mode alimentaire de contamination pose de sérieuses questions, notamment dans les zones où la gestion des déchets d’abattage ou de faune sauvage est lacunaire.

 

Les chiens : hôtes accidentels ou maillons épidémiologiques ?

L’un des points les plus délicats soulevés par les auteures est le rôle possible des carnivores dans la dynamique épidémiologique du virus de la FCO. Peuvent-ils servir de réservoir secondaire au virus ? Peuvent-ils faciliter sa persistance en dehors des espèces de ruminants classiques ? À ce stade, les preuves sont insuffisantes, mais les signaux d’alerte s’accumulent. Les chercheuses invitent à ne plus considérer les chiens uniquement comme des hôtes accidentels, mais comme des sentinelles potentielles, voire dans certains contextes comme des participants silencieux à la circulation virale.

 

Un appel à la vigilance vétérinaire

L’article insiste sur l’urgence de mieux intégrer ces espèces dans les dispositifs de surveillance de la FCO. Cela suppose d’adapter les outils de diagnostic aux chiens, d’informer les vétérinaires de terrain, et de mettre en place des études de séroprévalence chez les carnivores domestiques et sauvages. Car en excluant les chiens du radar épidémiologique, on risque de passer à côté d’une réalité plus complexe et plus diffuse.

 

Cette étude soulève une question plus large que le seul cas du virus de la fièvre catarrhale ovine : celle de notre tendance à cloisonner les maladies animales en silos rigides, ruminants ici, carnivores là. Dans un monde où les écosystèmes sont de plus en plus interconnectés et où les animaux partagent les mêmes environnements, les virus circulent sans respecter nos classifications biologiques ou administratives. Les cas d’influenza aviaire chez les mammifères sont un autre exemple étayant l’urgence d’une approche bien plus globale du risque épidémiologique.

 

 

 

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