mardi, décembre 3, 2024
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L’antibiorésistance : un indicateur de l’empreinte humaine croissante

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L’antibiorésistance : un indicateur de l’empreinte humaine croissante

L’antibiorésistance est un problème global qui ne concerne pas seulement les humains, mais également les animaux et l’environnement. Dans un effort pour mieux comprendre les dynamiques en jeu, des chercheurs ont voulu quantifier l’impact de l’activité humaine sur la dispersion des gènes de résistance dans des populations animales sauvages, en l’occurrence celles des tortues géantes des Galápagos.

 

La résistance aux antibiotiques ou antimicrobiens est devenue l’une des principales menaces pour la santé publique mondiale. Elle résulte de l’administration répétée ou inadaptée d’antibiotiques chez l’homme ou l’animal, qui créent des conditions favorisant la propagation de souches microbiennes capables de résister à ces molécules. Aujourd’hui, les nouvelles molécules capables de lutter contre les agents pathogènes se font rares et il est parfois difficile, voire impossible, de traiter certaines infections. L’antibiorésistance s’est progressivement développée et concerne aujourd’hui l’ensemble des bactéries pathogènes. Comprendre et combattre la propagation de ces résistances est devenu une priorité absolue pour les instances de la santé mondiale. C’est notamment l’un des principaux objectifs de l’initiative “One Health”.

Dans leurs recherches, les scientifiques sont amenés à évaluer la prévalence des gènes d’antibiorésistance dans les populations animales sauvages. Ils se sont notamment intéressés à une des espèces les plus emblématiques de la planète, les tortues géantes des Galápagos (Chelonoidis spp.). Réparties dans tout l’archipel, ce sont de parfaites candidates pour évaluer le rôle des activités humaines sur le portage de gènes de résistance aux antimicrobiens chez des espèces sauvages.

Des chercheurs ont donc échantillonné un total de 200 tortues sauvages sur l’île Santa Cruz, la plus peuplée de l’archipel, et 70 tortues autour du volcan Alcedo isolé sur l’île Isabela, une zone naturelle avec une présence humaine minimale. Selon les résultats des analyses de PCR quantitative réalisées sur des échantillons fécaux, des gènes de résistance à plusieurs classes d’antibiotiques ont été isolés dans les deux populations de tortues. Toutefois, celles vivant sur Santa Cruz, dans un environnement modifié par l’homme, présentaient des charges beaucoup plus élevées. De plus, les tortues de Santa Cruz échantillonnées dans ces zones modifiées par l’homme (terres agricoles et zones urbaines) présentaient un nombre plus élevé de gènes de résistance, de microbiomes multirésistants et pour davantage de classes d’antimicrobiens que celles provenant de zones moins anthropisées de la même île.

L’activité humaine a donc un impact négatif avéré sur la santé des écosystèmes aux Galápagos à travers la dispersion de gènes de résistance aux antimicrobiens. Ces résultats mettent au jour une nouvelle menace pour la conservation de la faune unique et endémique de l’archipel inscrit au patrimoine mondial. Mais ce constat alarmant ne se limite probablement pas à ces îles isolées de l’océan Pacifique. L’antibiorésistance est un phénomène mondial, associé aux activités humaines partout sur la planète qui contribuent à la dispersion des gènes de résistance. Pour agir efficacement contre ce problème global, les chercheurs encouragent à mieux contrôler et à réduire l’usage des antibiotiques, en santé humaine comme en santé animale, notamment via l’application renforcée des réglementations déjà existantes.

 

 

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