mardi, décembre 3, 2024
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Quelles zoonoses sont à surveiller dans les années à venir ?

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Quelles zoonoses sont à surveiller dans les années à venir ?

Ces dernières années, les maladies infectieuses émergentes font de plus en plus la Une médiatique. Grippe aviaire, Zika, Ebola, et maintenant Covid-19, ces maladies d’origine animale représentent des défis économiques et sociaux particulièrement complexes et difficiles. Et si certaines pathologies posent plus de risques que d’autres, les inconnues sont tout aussi dangereuses. Le rôle des vétérinaires dans la détection précoce et la mise en place de stratégies préventives internationales est fondamental pour éviter la prochaine pandémie mondiale.

 

Les maladies infectieuses sont aussi anciennes que l’humanité. La première pandémie suffisamment documentée est sans conteste la peste noire. Infectant l’humain par le rongeur, elle tua entre 1347 et 1352, environ 30 % de la population européenne, soit 25 millions de personnes.

Aujourd’hui encore, les maladies infectieuses sévissent. Chaque année, 14 millions de personnes décèdent suite à une maladie infectieuse. Et parmi les quelques 1400 pathogènes humains en cause, 60 % sont d’origine animale d’après l’Organisme mondial de la Santé (OMS), et 75 % des maladies animales émergentes peuvent contaminer l’homme.

 

Les maladies émergentes sont plus que jamais d’actualité

Quelles zoonoses sont à surveiller dans les années à venir ?Globalement, le concept d’émergence ou de réémergence cherche à évoquer la notion d’apparition ou de réapparition d’un phénomène infectieux.

Une maladie animale émergente est une maladie animale dont l’incidence, c’est à dire le nombre de nouveaux cas, augmente de manière significative dans une région donnée, dans une population – animale ou humaine – donnée, et pendant une période donnée, indépendamment des fluctuations saisonnières habituelles de la maladie.

L’évolution ou la modification d’un agent pathogène existant lui permet de changer d’hôtes, de vecteur, de pathogénicité ou de souche. On parle de maladie ré-émergente lorsqu’une maladie connue fait irruption dans un nouveau contexte géographique, élargit sa gamme d’hôtes ou enregistre une forte progression de sa prévalence.

Pour ne pas citer, le SIDA, l’Ebola, le ZIKA, la grippe aviaire, la fièvre catarrhale ovine, la peste porcine africaine, la fièvre West Nile … les exemples sont nombreux et sévissent dans le monde entier.

Les maladies émergentes représentent sans conteste des défis économiques, sociaux, financiers, biologiques, et médiatiques majeurs et internationaux. Et bien que les interactions entre santé humaine et santé animale ne soient pas un nouveau phénomène, les zoonoses auxquelles nous sommes actuellement confrontés ont une étendue, une importance et un impact mondial sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

L’époque actuelle est marquée par des crises sanitaires d’origine ou à réservoir animal, occasionnant de lourdes pertes économiques ou présentant des menaces pour la santé publique. Et la France n’en est pas préservée.

 

Les maladies ré/émergences en France

Quelles zoonoses sont à surveiller dans les années à venir ? La majorité des maladies émergentes ou résurgentes observées en France ces dernières décennies sont des zoonoses. Et elles ont parfois été la cause de crises sanitaires inégalées. Il est donc essentiel de garder un œil sur les pathologies les plus à risque.

L’hépatite E sévit particulièrement ces dernières années. D’abord décrite comme une maladie à transmission exclusivement interhumaine (génotypes 1 et 2), la découverte de deux nouveaux génotypes (3 et 4) change la donne. Principalement présents chez le porc ils infectent l’humain par voie alimentaire. En France, la zoonose sévit surtout dans le Sud, en lien avec la consommation de figatelles corses insuffisamment cuits. L’incidence des déclarations connait une croissance spectaculaire, depuis la mise en évidence des premiers cas en France (9 cas en 2002 versus 2 245 en 2018).

Cependant, les mesures de prévention et de gestion des pathologies animales sont mises en place très rapidement en France afin de limiter l’occurrence de ces évènements d’émergence et de réémergence – et à succès. Cependant, les risques de réémergences ne sont jamais nuls.

Par exemple, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, des stratégies contre la brucellose des ruminants et la tuberculose à Mycobacterium bovis permettent, semble-t-il, d’éradiquer ces pathogènes du territoire. Mais, après des années sans signe de la maladie, des populations de bouquetins infectés provoquent une réémergence de brucellose chez l’humain au début de la dernière décennie. De même, au début des années 2000, la tuberculose bovine ressurgit par contacts avec des sangliers, des blaireaux, mais aussi des cervidés, et des renards infectés.

Ces exemples témoignent d’un passage d’un pathogène bovin domestique vers des populations sauvages qui deviennent des réservoirs de la maladie ce qui a pour conséquence de limiter les actions possibles, notamment sanitaire afin d’éliminer efficacement le pathogène de la circulation.

Malgré les apparences de neutralisation de la maladie, la maîtrise totale d’une bactérie au redoutable pouvoir zoonotique n’est souvent qu’illusoire ou du moins temporaire. Le risque associé à la constitution d’un réservoir représente un véritable défi en termes de maintien du statut indemne de la France et de protection de la santé publique.

 

Quelles maladies émergences à surveiller ?

Quelles zoonoses sont à surveiller dans les années à venir ?Si la France n’est pas sans risque d’émergences, les pays qui l’entourent non plus. Les pathologies émergentes récentes en Europe illustrent une vulnérabilité du continent face à ces évènements et donc potentiellement la France.

Sont particulièrement surveillés, l’apparition de foyers de salmonellose, de fièvre hémorragique de Crimée‐Congo, de fièvre de la vallée du Rift et d’encéphalite japonaise.

Des foyers de salmonellose, dus à l’émergence de souches multirésistantes, sont régulièrement déclarés. Cette multirésistance a probablement été engendrée par l’utilisation non contrôlée d’antibiotiques. À l’exception d’une alerte dans un élevage avicole, liée au retour de l’éleveur d’un voyage au Maroc, les élevages français sont pour le moment épargnés. Ce n’est malheureusement pas le cas de la Pologne ou l’Italie, dans lesquels des cas autochtones sont régulièrement détectés en élevage. La France reste particulièrement vigilante à un risque d’introduction sur le territoire de souches bactériennes multirésistantes qui pourraient enclencher une épidémie.

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo fait son apparition pour la première fois au sein de l’Union européenne en 2016. Des tiques infectées, portées par des oiseaux migrateurs, en provenance d’Afrique ont apporté le virus en Espagne qui circule désormais dans la faune sauvage. Le principal vecteur de cette zoonose, la tique H. marginatum, est présent dans de nombreux pays d’Europe, dont la France. Une expansion plus large sur le territoire est donc envisageable et à surveiller.

Quant à la fièvre de la vallée du Rift, elle nécessite une surveillance particulière. Les foyers se multiplient hors de la zone traditionnelle du virus au Soudan et en Egypte. Le territoire français non métropolitain, n’est pas épargné depuis une dizaine d’années également. La Mayotte a recensé entre novembre 2018 et août 2019, 143 cas humains et 126 foyers animaux. La gravité économique et l’impact sur la santé humaine en font une pathologie à surveiller de près, d’autant que trente espèces de potentiels vecteurs ont été identifiées sur le continent.

Une autre zoonose à contrôler : l’encéphalite japonaise. Peu redoutée en Europe, c’est pourtant l’arbovirose qui occasionne tous les ans le plus grand nombre de cas humains (entre 30 000 et 50 000) avec un taux de létalité qui peut atteindre 60 %. Le virus circule entre les moustiques, les oiseaux, les porcs, les chevaux et les humains. Si des vaccins très efficaces ont permis de protéger les populations humaines et équines dans les pays les plus atteints, leur sous-utilisation dans les zones à risques pourrait encourager leur expansion.

 

Le rôle des vétérinaires dans le contrôle des maladies émergentes

Ces pathologies émergentes sont bien entendu de loin les seules menaces pour les populations humaines et animales. En plus des nombreuses maladies connues à surveiller, chaque année des pathologies inconnues apparaissent et sont identifiées.

Et le développement des maladies infectieuses émergentes, constaté depuis plusieurs décennies, semble voué à se poursuivre. L’augmentation des flux humains, animaux et de marchandises ou encore le réchauffement climatique ne feront que favoriser l’apparition de maladies zoonotiques dans les années à venir.

Quelles zoonoses sont à surveiller dans les années à venir ?D’autant plus que les effets jusqu’alors inconnus de facteurs tels que la mondialisation, l’industrialisation, la refonte des systèmes agraires et le consumérisme ébranleront vraisemblablement les fondements et le fonctionnement de nos politiques de santé animale et influenceront notre perception de l’avenir et notre façon de nous y préparer.

L’enjeu du contrôle des maladies animales transmissibles à l’homme, dans un contexte globalisé, justifie dès lors une solution à l’échelon international. Il s’agit, à travers des réseaux mondiaux, de vérifier la santé animale et humaine et de procéder à des alertes précoces en cas d’événement inhabituel, ce qui implique des systèmes fins de détection.

Le règlement sanitaire international (RSI) fait obligation aux 193 États membres de l’OMS de déclarer les maladies définies comme étant d’importance internationale. Le bon fonctionnement de la veille nécessite une coordination efficace des politiques sanitaires aux différents niveaux (national, européen et mondial) et entre les structures dédiées aux animaux et aux hommes. Le concept de One health est ici crucial.

Tous les acteurs impliqués dans la santé animale ont un rôle à remplir dans un premier temps dans la prévention des maladies animales. Les vétérinaires praticiens sont, avec les éleveurs, en première ligne dans la surveillance de l’apparition des maladies animales émergentes et dans la détection précoce et la lutte contre ces maladies dès qu’elles apparaissent.

Ils sont les premiers à pouvoir y constater des signes cliniques inhabituels, à prendre les mesures nécessaires à temps et à prévenir les autorités, avant que la maladie ne se répande et qu’une épidémie ne se déclare. Et une détection précoce et un diagnostic rapide des maladies animales émergentes sont décisifs pour agir efficacement et limiter au mieux les dégâts d’une éventuelle épidémie.

Les vétérinaires sont les gardiens de la biosécurité dans une ère marquée par l’apparition de maladies émergentes et ré-émergentes qui bouleversent nos sociétés. Et malheureusement, le sujet des maladies émergentes sera toujours d’actualité dans toutes les espèces. La vigilance est, et restera, de mise.

 

 

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