samedi, novembre 23, 2024
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Zoonose inverse : quel est le risque réel ?

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Zoonose inverse : quel est le risque réel ?

La pandémie due au Sras-CoV-2 a mis en exergue le risque lié à la transmission zoonotique d’agents pathogènes animaux vers les humains. Mais l’inverse, la contamination de l’animal par l’homme, est également possible. Quel effet ce “spillback” a-t-il réellement sur la conservation de la faune et la santé publique ? Des chercheurs ont étudié les retombées de 97 événements zoonotiques inverses, ou zooanthroponoses, pour tenter d’établir l’ampleur de la menace.

 

L’industrialisation du monde se caractérise par une montée en puissance des agents pathogènes multihôtes. Poussés par la déforestation, la conversion des terres et le changement climatique, ces agents pathogènes se propagent des animaux aux populations humaines à un rythme croissant, représentant une menace importante pour la santé publique. Depuis peu, les inquiétudes concernent la transmission inverse d’agents pathogènes de l’homme aux animaux sauvages, susceptibles de poser problème pour la conservation de la faune et la santé humaine. Ces risques potentiels ont notamment conduit à des décisions politiques de grande portée, comme des moratoires généralisés pour la recherche sur les chauves-souris dans le cadre de la pandémie de Sars-CoV-2.

Cependant, la fréquence globale des événements de zoonose inverse et leurs facteurs sous-jacents sont encore mal compris. Il existe des preuves documentées de la répercussion des agents pathogènes humains sur les populations d’animaux sauvages, mais peu d’analyses critiques concernant l’ampleur du phénomène. Le manque de connaissances limite la compréhension des impacts réels et potentiels sur la conservation de la faune et la santé publique, ainsi que sur les transmissions zoonotiques de l’animal vers l’homme.

Des lacunes qui laissent trois questions en suspens. Sur un plan fondamental, on ne sait pas dans quelle mesure le spillback (humain vers animal) et le spillover (animal vers humain) sont des processus symétriques et comparables. Il existe également des incertitudes autour des agents pathogènes en cause lors de spillover et des animaux hôtes, ce qui rend difficile l’évaluation de l’impact de la montée des transmissions à l’homme. Enfin, il reste à évaluer la menace réelle de ces pathogènes sur la biodiversité, en particulier en comparaison d’autres points de pression anthropiques, comme la destruction de l’habitat et l’urbanisation. Ces inconnues empêchent notamment d’estimer les conséquences des mesures de prévention mises en place.

Des chercheurs ont donc voulu évaluer de manière concrète les retombées de 97 événements de zoonose inverse passés, impliquant un large éventail d’agents pathogènes. Dans l’ensemble, relativement peu de spillbacks ont entraîné une morbidité ou une mortalité importante. De plus, peu de ces événements sont à l’origine du maintien d’un agent pathogène humain dans un nouveau réservoir animal ou d’un débordement secondaire avec retransmission ultérieure à l’homme. Les résultats de l’étude semblent donc indiquer que les retombées des cas de zoonose inverse de l’homme vers l’animal représentent une menace apparemment mineure pour la conservation de la faune et la santé publique, en particulier en comparaison d’autres facteurs de stress anthropiques comme le changement climatique ou la destruction des habitats. Il faut cependant retenir que la plupart des animaux concernés par l’étude étaient des primates non humains ou des grands animaux vivant en captivité. En conclusion, les auteurs proposent une liste de preuves expérimentales et observationnelles qui permettront de mieux évaluer le risque de survenue de zoonoses inverses dans le futur, un outil non négligeable compte tenu des émergences actuelles.

 

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