Les nuisances liées à l’éclairage artificiel nocturne semblent augmenter la charge infectieuse du virus West-Nile qui circule chez les oiseaux sauvages, selon une étude menée par des chercheurs américains de l’université de Floride.
Ce n’est pas la première étude relative aux effets physiologiques et comportementaux néfastes de la pollution lumineuse sur la faune sauvage, voire sur la santé humaine. Mais celle-ci envisage l’impact sur le risque de transmission de maladies infectieuses. Elle révèle ainsi l’existence de graves conséquences sur un plan épidémique, concernant une zoonose présente également en France. Car si la fièvre de West-Nile est une maladie virale qui infecte essentiellement les oiseaux (hôtes réservoirs), elle peut aussi affecter l’homme et les équidés (culs-de-sac épidémiologiques).
Les scientifiques ont observé que l’exposition à la lumière la nuit prolonge sensiblement la période d’infection du moineau domestique (Passer domesticus), hôte réservoir du virus du Nil occidental en milieu urbain.
Des moineaux captifs ont été soumis à la lumière artificielle pendant 7 à 25 nuits avant d’être exposés au virus. Des échantillons de sang ont été prélevés tous les deux jours pendant 10 jours. Tous les oiseaux étaient infectés après 2 à 4 jours d’exposition.
Les auteurs de l’étude ont aussi remarqué que ces moineaux conservaient des titres viraux transmissibles deux jours de plus que les oiseaux témoins, sans pour autant présenter un taux de mortalité supérieur. En outre, ils soulignent que la pollution lumineuse n’a pas besoin d’être excessive pour obtenir un tel résultat.
Sur le plan moléculaire, la lumière artificielle nocturne agit sur des cascades de gènes, notamment une catégorie capable d’influencer le taux de dissémination du virus West-Nile. Cela n’est pas une surprise. De nombreuses relations vecteur-agent pathogène reposent sur les signaux lumineux pour coordonner les rythmes journaliers, voire saisonniers. Ainsi, comme la lumière artificielle perturbe ces rythmes, cela affecterait la réponse immunitaire des passereaux.
Un modèle mathématique a en outre permis d’estimer l’augmentation du risque d’épidémie par le virus West-Nile dans ces conditions de circulation virale, qui atteint 41 %. Un résultat inquiétant s’agissant d’une maladie zoonotique potentiellement présente dans des zones à forte densité humaine, comme les villes.
Cette étude fait également écho à une précédente menée chez les pinsons : les oiseaux qui présentaient un taux de cortisone (hormone du stress) plus élevé étaient davantage susceptibles d’être piqués par des moustiques, vecteurs de la fièvre de West-Nile. Or il est reconnu que la pollution lumineuse accroît le stress. La boucle est bouclée…