Chaque année, les apiculteurs perdent environ un tiers de leurs colonies, en partie à cause des insecticides qui déciment les abeilles. Des chercheurs de la Cornell University ont développé une nouvelle technologie qui pourrait aider les professionnels à sauver leurs ruches, en protégeant les pollinisateurs contre ces pesticides mortels.
Aux États-Unis, 98 % des ruches sont contaminées par six pesticides en moyenne. Parmi les insecticides les plus utilisés, on retrouve les organophosphorés. Ces derniers représentent environ un tiers des produits mis sur le marché et sur les cinq insecticides qui présentent des risques substantiels pour les abeilles, deux font partie de ce groupe. Les abeilles sont particulièrement en contact avec ces produits chimiques pendant la pollinisation des cultures, et cela n’est pas sans conséquences. Les insecticides réduisent les défenses immunitaires des insectes et les rendent plus sensibles aux parasites comme le varroa et à d’autres agents pathogènes dévastateurs. Ainsi, que ce soit à des doses létales ou même sublétales, les insecticides peuvent altérer la productivité des abeilles, ce qui met en danger toute une agriculture qui dépend de leur travail de pollinisation.
Pour protéger ces populations d’insectes tellement utiles, des chercheurs de l’université de Cornell ont mis au point un nouveau système pour détoxifier les ruches. Ils ont développé une microparticule uniforme, de la taille d’un pollen, remplie d’enzymes qui sont capables de détoxifier les composés organophosphorés avant qu’ils ne soient absorbés par les abeilles et ne déciment les colonies. Une fois ingérées, ces particules protègent les enzymes bénéfiques qui sont habituellement décomposées par les acides de l’estomac des abeilles. Une fois dans l’intestin, les enzymes décomposent les insecticides et empêchent leur ingestion par les insectes. Toutes les abeilles nourries avec ces microparticules ont survécu à une exposition à des doses importantes de pesticides.
Les chercheurs ont voulu pousser le principe encore plus loin. Au lieu de remplir les microparticules avec des enzymes capables de décomposer un insecticide, elles ont été dotées d’une coquille faite de protéines d’insectes et remplies d’une huile absorbante spéciale, créant une sorte de microéponge. De nombreux insecticides sont conçus pour cibler les protéines des insectes, de sorte que la coquille attire, aspire et piège ces composés toxiques. L’insecticide est séquestré et inerte dans l’enveloppe et les abeilles défèquent simplement la toxine piégée. Il s’agit d’une solution peu coûteuse et évolutive qui pourrait potentiellement résoudre le problème de la toxicité des insecticides pour les ruches et contribuer à la protection des pollinisateurs dans le monde. Ces microparticules devraient être disponibles sur le marché d’ici à 2022.