mercredi, septembre 17, 2025
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Toxoplasmose : une étude révèle une transmission du parasite largement environnementale

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Toxoplasmose : une étude révèle une transmission du parasite largement environnementale

Une enquête menée à Belgrade (Serbie) tente de reconstituer le puzzle de la toxoplasmose en milieu urbain. En croisant les analyses issues d’oiseaux sauvages, de poules de basse-cour, de rongeurs et d’eaux de rivière, elle montre que l’exposition à Toxoplasma gondii passe davantage par l’environnement (eaux et sols contaminés) que par le seul régime alimentaire des espèces affectées.

 

Toxoplasmose urbaine : intégrer l’analyse de l’eau et des sols

Si les chats restent les hôtes définitifs de Toxoplasma gondii, en milieu urbain la diffusion de ce protozoaire ne peut se comprendre qu’en prenant en compte la chaîne complète : oocystes excrétés, sporulation, stagnation et remise en suspension dans les plans d’eau, puis contacts répétés avec des oiseaux, des rongeurs, des volailles et des humains. Cette approche environnementale replace au cœur du risque les eaux de surface, les territoires inondables et les zones agricoles périurbaines.

 

Un dispositif d’étude multihôtes sur le terrain

Les auteurs ont analysé le tissu cardiaque de 224 oiseaux sauvages représentant 15 espèces capturées dans les zones urbaines, périurbaines et rurales de Belgrade, ainsi que des poules de basse-cour élevées localement. La détection moléculaire s’appuie sur une qPCR ciblant T. gondii, une méthode sensible et spécifique pour la détection d’ADN du parasite dans les tissus. En parallèle, des rongeurs ont été testés et des prélèvements d’eau de rivière réalisés à proximité des sites, à l’interface Sava-Danube.

 

Prévalence : forte chez les oiseaux, très élevée chez les poules

La prévalence moléculaire atteint 24,1 % chez les oiseaux sauvages et 41,4 % chez les poules. Chez les oiseaux, les taux sont comparables d’une zone à l’autre (22,4 % en ville, 27,3 % en site périurbain, 22,7 % en zone rurale), ce qui plaide pour une exposition diffuse et continue, moins dépendante du biotope immédiat que de la connectivité hydrologique et de l’utilisation des sols alentour.

 

Des corvidés sentinelles au sein de la faune citadine

Parmi les espèces animales qui fréquentent les zones urbaines, les corvidés sont le plus souvent infectés : corbeaux et corneilles dépassent 30 % de positivité, alors que celle du pigeon ramier s’établit autour de 15 à 16 %. Ce taux spécifique à l’avifaune positionne les corvidés comme des bio-indicateurs de la contamination environnementale, utiles pour orienter une surveillance ciblée.

 

Eaux de surface et rongeurs : les pièces manquantes du puzzle

Dans les mêmes secteurs, trois échantillons d’eau sur quatre contenaient de l’ADN de T. gondii et plus d’un rongeur sur deux était positif. La convergence oiseaux-rongeurs-eau dans un périmètre restreint signe un mécanisme de persistance environnementale : les oocystes infectants circulent et recontaminent le milieu, à l’origine d’une exposition répétée de la faune et, par extension, des élevages domestiques et des humains.

 

Approche “One Health” : cartographier le risque

Pris ensemble, ces résultats déplacent la lutte vers les microterritoires. Autour des plaines alluviales, des canaux, des bassins de rétention et des friches irriguées, l’eau de surface devient le vecteur qui peut lancer l’alerte. Associer les oiseaux urbains (surtout les corvidés), les rongeurs et l’analyse de l’eau contribue à cartographier le risque plus précisément et se révèle plus utile aux collectivités que des moyennes à l’échelle d’une ville.

 

Surveillance intégrée et messages de prévention ciblés

En pratique, la surveillance gagne à combiner des captures périodiques d’oiseaux, un piégeage raisonné des rongeurs et un dépistage régulier de l’eau en sortie des bassins et des zones humides urbaines. Côté prévention, l’accent est mis sur le lavage soigneux des fruits et des légumes, la cuisson complète des viandes issues des circuits courts, le stockage protégé des aliments pour volailles, la gestion des chats errants près des points d’eau et l’hygiène des mains après toute activité de jardinage ou de pêche.

Des tests saisonniers, un génotypage reliant facteurs environnementaux et hôtes, et des modèles hydrologiques couplés à la charge d’oocystes permettront d’estimer des doses d’exposition réalistes et d’identifier les périodes à haut risque après des crues, des travaux ou des canicules suivies d’orages.

 

L’étude met en évidence une réalité souvent implicite : en ville, la gestion de l’eau et de l’usage des sols est au moins aussi importante que le seul contrôle de la population féline pour maîtriser la toxoplasmose. En intégrant oiseaux sentinelles, rongeurs et eau dans une surveillance “One Health”, les autorités sanitaires disposent d’un levier concret pour cibler les interventions, optimiser la communication du risque et, in fine, réduire l’incidence de la maladie chez l’humain.

 

 

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