Une équipe de vétérinaires espagnols* s’est penchée sur les changements du comportement félin liés au stress les plus fréquemment observés en consultation. Elle explore les effets du stress sur la santé et le bien-être du chat, et propose des stratégies pour le réduire ou le prévenir qui visent notamment à enrichir l’environnement de l’animal et à limiter les conflits territoriaux avec les congénères via des techniques appropriées et le recours aux phéromones.
Selon une étude de l’université de Barcelone (Espagne), parue ce mois-ci dans le Journal of Feline Medicine and Surgery, le stress accroît le risque de maladie chez le chat. En effet, cet animal est exposé à une variété de stimuli stressants, qui peuvent avoir un effet négatif sur son bien-être et déclencher des modifications comportementales gênantes pour le propriétaire. Ainsi, le stress est susceptible de conduire à la polyphagie ou à l’anorexie, prémices au développement de problèmes de santé, et il augmente également le risque de marquage urinaire, de salivation et de vocalisation, ainsi que de certaines formes d’agression. Des troubles compulsifs, comme le syndrome d’hyperesthésie féline ou l’alopécie psychogène, peuvent aussi se développer en réponse à un stimulus stressant.
En outre, le stress semble jouer un rôle important dans la réactivation de l’herpèsvirus félin, qui est une cause fréquente d’affection respiratoire chez le chat et un problème fréquent dans les collectivités. Le stress est également associé à des troubles gastro-intestinaux comme la diarrhée ou les vomissements, et il est impliqué dans le développement de la cystite interstitielle féline. Enfin, il a un lien évident avec certaines affections dermatologiques, telles que la dermatite atopique, et est susceptible de déclencher ou d’entretenir le prurit.
Les principaux facteurs de stress comprennent les changements dans l’environnement du chat (arrivée d’un nouveau membre dans la famille, routine quotidienne modifiée, etc.), des interactions conflictuelles avec des congénères, de mauvaises relations avec l’homme (socialisation inappropriée, manipulation inadéquate), une absence de motivations ou encore un manque de stabilité et de prévisibilité de la part du propriétaire. Lorsqu’ils s’additionnent, la réaction sera beaucoup plus aiguë que si l’animal n’est exposé qu’à une seule source de stress. De plus, la réponse du chat dépend, dans une large mesure, de son tempérament. De quoi justifier pleinement les stratégies de reproduction et d’élevage qui contribuent à sélectionner des races félines au caractère bien équilibré.
Bien que naturellement curieux et sociaux, le stress altère le comportement exploratoire des chats. Ils deviennent moins actifs et joueurs, et réduisent nettement les interactions positives avec les autres chats et avec l’homme, jusqu’à devenir apathiques, voire agressifs. Pour aider les propriétaires à réagir face à ces changements comportementaux, les auteurs proposent un éventail de stratégies à mettre en œuvre. Par exemple, ils décrivent une méthode en quatre phases (séparation totale, accoutumance olfactive, puis accoutumance visuelle, enfin contact direct) afin de réduire les conflits entre les chats qui vivent sous le même toit.
Une autre approche consiste à enrichir l’environnement du chat, afin de prendre en considération les dimensions physiques et sociales de son comportement. Dans cette optique, le chat dispose de son espace, avec ses propres ressources (nourriture et eau, jouets, etc.), où il peut se sentir à l’abri et détendu, sans la menace d’autres animaux. Cet espace à lui peut encore être enrichi en dissimulant des croquettes dans différentes cachettes. Pour les félins qui passent beaucoup de temps à l’intérieur, il convient de changer fréquemment leurs jouets pour raviver leur intérêt et susciter leur curiosité. Les jouets qui imitent des proies à capturer sont particulièrement efficaces dans ce cadre.
Une autre façon d’enrichir l’environnement est d’installer des étagères, un arbre à chat ou des plates-formes afin que l’animal puisse prendre de la hauteur et explorer son espace aussi bien verticalement qu’horizontalement. Lui offrir des possibilités de se cacher contribue également à réduire le stress.
Sans aborder tous les traitements pharmacologiques disponibles, les auteurs estiment que l’administration d’un médicament peut constituer une source supplémentaire de stress. Par conséquent, la fréquence d’administration est un aspect important à prendre en considération. Selon les cas, les phéromones seront utilisées seules ou combinées avec d’autres produits anxiolytiques. Récemment, les suppléments nutritionnels et l’aromathérapie ont montré de bons résultats dans le traitement ou la prévention des troubles liés au stress chez le chat.
* Marta Amat et coll. : Stress in owned cats: behavioural changes and welfare implications, Journal of Feline Medicine and Surgery, juin 2015, http://jfm.sagepub.com/content/early/2015/06/17/1098612X15590867