Le procureur demandait une condamnation à cinq ans d’emprisonnement, Willy Selten écope de deux ans et demi. Le négociant néerlandais à l’origine de la fameuse fraude des “lasagnes de bœuf au cheval” était accusé d’avoir vendu 330 tonnes de viande chevaline sous un étiquetage 100 % pur bœuf, et d’avoir écoulé en Europe quelque 50 000 tonnes de bœuf haché contenant du cheval.
Le 7 avril 2015, le tribunal de Den Bosch, aux Pays-Bas, a reconnu Willy Selten, en tant que directeur de deux sociétés, coupable « de falsification de factures, de bons de livraison et d’étiquetages, ainsi que de l’utilisation de ces faux documents dans le commerce de la viande ».
Le scandale remonte déjà à 2013. Les pratiques de ce négociant auront duré deux ans et pollué la filière bouchère européenne via son système de fausses étiquettes. Pire, plusieurs entreprises en aval de la chaîne en ont fortement pâti, voire ont fait faillite. Tout est parti de contrôles au Royaume-Uni et en Irlande, qui ont poussé les autorités à surveiller les entreprises du grossiste. En février 2013, 35 des 167 échantillons prélevés ont révélé de l’ADN de cheval dans une viande vendue comme “pur bœuf”.
La défense de Willy Selten repose sur des erreurs non intentionnelles. Cependant, le tribunal a estimé qu’acheter pour 336.000 £ de viande de cheval n’est pas innocent. D’autant plus que l’étude des flux financiers de ses deux entreprises montre que, dès les premières factures émises, la notion de viande de cheval disparaît totalement des documents.
Le tribunal a en outre pris en compte les conséquences de ces pratiques sur la filière en aval. Il a considéré que les clients du grossiste, la plupart en difficulté, voire en faillite, ont vu leur réputation directement entachée. Le tribunal a même considéré que les activités internationales de Willy Selten ont également affecté la filière néerlandaise dans son ensemble, et cela uniquement dans un but de profit financier : « Il a acheté de la viande de cheval, moins chère que celle de bœuf, pour la revendre ensuite au prix de cette dernière. »
La peine préconisée par le procureur a été amoindrie, prenant notamment en compte les conséquences personnelles déjà subies par le négociant : sociétés en faillite, poursuites à son encontre à hauteur de 11 millions d’euros, etc.
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