Deux études britanniques, menées par le Royal Veterinary College (RVC), se penchent sur les races canines brachycéphales, confrontées à de sévères problèmes de santé et de bien-être directement liés à leur conformation. La première étude* explore les raisons de l’engouement, toujours plus fort, pour ces chiens hypertypés. En 2017, le bouledogue français devrait ainsi prendre la tête du top ten des races les plus populaires outre-Manche, dépassant le labrador retriever pour la première fois depuis 27 ans de règne absolu. La seconde étude** révèle que les chiennes brachycéphales présentent le risque le plus élevé de complications lors de la mise bas.
Selon la première étude, l’apparence est la première raison qui pousse les futurs acquéreurs d’un chien vers les races brachycéphales (carlin, bouledogues anglais et français, boston terrier, pékinois, etc.), séduits par leurs grands yeux ronds et leur face plate et arrondie. Cependant, ces caractéristiques morphologiques recherchées sont associées à de nombreuses maladies héréditaires. Ces chiens hypertypés présentent souvent de sévères affections respiratoires, oculaires, digestives et cutanées qui s’accompagnent d’une qualité de vie dégradée, d’une obésité due à une intolérance à l’exercice et d’une espérance de vie très réduite par rapport aux autres races canines.
Pourtant, l’étude révèle que les prédispositions raciales, en termes de santé, ne sont pas un critère de choix prioritaire pour les acquéreurs d’un chien brachycéphale comme le carlin ou le bouledogue français, par rapport à ceux qui optent plutôt pour un chien à museau long comme le labrador retriever ou le cocker spaniel.
L’étude a alors cherché à déterminer ce qui influence le choix d’une race à face plate et, une fois la décision prise, comment les futurs propriétaires font l’acquisition d’un chiot. Les propriétaires de chiens appartenant à l’une des dix races les plus populaires au Royaume-Uni ont été interrogés sur leurs critères de choix, afin de comparer les différents facteurs qui influencent la sélection de la race et le processus d’achat.
Au final, plusieurs facteurs jouent un rôle clé dans la décision d’acheter un chien de race brachycéphale. La petite taille de ces chiens apparaît adaptée à un mode de vie le plus souvent en appartement. Ils sont aussi perçus comme de bonne compagnie, doux et affectueux avec les enfants du foyer. Les futurs propriétaires, plutôt jeunes, les sélectionnent pour une première acquisition, sans doute influencés par les médias et la publicité qui mettent couramment en scène le look particulier de ces chiens. En outre, pour trouver leur chiot, ils privilégient un achat en ligne sur Internet, sans chercher à voir les deux parents, ni demander à consulter le dossier médical. Ainsi, les acheteurs potentiels ne sont ni émotionnellement ni financièrement préparés à accueillir un chien issu d’une race qui présente un risque élevé de complications de santé.
Face à ce constat, les auteurs émettent plusieurs recommandations :
- sélectionner et promouvoir des races saines et adaptées au mode de vie des propriétaires de chiens brachycéphales ;
- réduire l’utilisation de l’image des chiens hypertypés dans les médias ;
- sensibiliser le public aux conséquences de l’élevage d’animaux fondé sur l’apparence physique plutôt que sur la santé et le bien-être à long terme ;
- promouvoir l’achat responsable pour toutes les races canines.
Un risque accru de dystocie
Selon la seconde étude, menée sur le terrain auprès des cliniques vétérinaires, les races brachycéphales présentent le risque de complications le plus élevé lors de la mise bas. Ainsi, par rapport aux autres races, les femelles bouledogues français sont 16 fois plus susceptibles de présenter une anomalie lors de la mise bas, notamment une dystocie.
Sur les 20 000 chiennes hospitalisées pour des soins vétérinaires d’urgence outre-Manche, 3,7 % ont été traitées pour des difficultés à mettre bas. Or la race la plus fréquemment touchée est le bouledogue français (16 fois plus), devant le boston terrier (13 fois), le carlin (11,3 fois) et le chihuahua (10,4 fois). Un problème de santé à ajouter à la longue liste des maladies observées chez ces races. Il est d’ailleurs suggéré aux propriétaires de bien peser les risques avant de décider de faire reproduire leurs chiennes, surtout brachycéphales. Quant aux futurs acheteurs, ils sont incités à choisir un éleveur responsable et reconnu s’ils veulent éviter des frais vétérinaires élevés et une piètre qualité de vie pour leur animal.
* Dr Rowena Packer (RVC) et coll. : Purchasing popular purebreds: Investigating the influence of breed-type on the pre-purchase attitudes and behaviour of dog owners. Animal Welfare, 26:191-201.
** Le projet de recherche VetCompass, mené par le RVC, collecte des données cliniques sur plus de six millions d’animaux de compagnie auprès des vétérinaires du Royaume-Uni.
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