Après l’exploitation animale dans les cirques, les zoos et autres marinelands sont à leur tour sur la sellette. L’arrêté du 3 mai 2017*, cosigné par les ministres de l’Environnement et de l’Agriculture à la veille de l’élection présidentielle, fixe de nouvelles règles de fonctionnement pour les établissements qui détiennent des cétacés vivants. Outre le renforcement des conditions d’hébergement, d’entretien et de présentation au public, le texte interdit la reproduction des orques et des dauphins détenus en captivité, ainsi que les échanges entre parcs. Or l’absence de nouvelles naissances constitue une étape capitale dans le processus de fermeture, à terme, des delphinariums en France.
Dès l’article 1, le nouvel arrêté interministériel sonne le glas, à moyen terme, des quatre parcs marins français. En effet, « pour assurer la protection des espèces, améliorer le bien-être et supprimer la souffrance animale », il interdit désormais « la détention en captivité de spécimens de cétacés à l’exception des spécimens de l’espèce Orcinus orca et de l’espèce Tursiops truncatus régulièrement détenus à la date d’entrée en vigueur du présent arrêté » sur le territoire national.
En outre, les 33 articles de l’arrêté prévoient de nombreuses dispositions pour améliorer les conditions de vie et de détention les cétacés. Les établissements qui les hébergent doivent ainsi embaucher un vétérinaire spécialisé en faune sauvage et un responsable scientifique, assistés d’une équipe de soigneurs attachée à chaque espèce (Tursiops truncatus et Orcinus orca). Les installations doivent permettre aux animaux, détenus en groupe de six dauphins ou de trois orques au minimum, d’exprimer leurs besoins physiologiques et comportementaux, de recevoir des soins vétérinaires, de s’isoler du public et de leurs congénères. Chaque parc marin devra se doter d’un comité scientifique et technique chargé du bien-être animal, de l’information du public et de la conservation des espèces.
D’ici à 2020, les parcs devront augmenter la taille et la profondeur des bassins, pour atteindre une surface minimale de 3 500 m2 et 11 m de fond pour les orques et de 2 000 m2 et 6 m de fond pour les dauphins (au lieu de 800 m2 dans l’arrêté datant de 1981). Des zones ombragées sont à prévoir, et l’usage de chlore pour traiter l’eau des bassins est interdit. L’éclairage, la température et les paramètres physico-chimiques de l’eau et de l’air sont à contrôler régulièrement.
Parmi les autres évolutions, les delphinariums devront mettre en place un plan d’enrichissement multifactoriel des bassins (jouets, jeux d’eau, activités exploratoires, etc.), dans chaque établissement, afin de prévenir l’ennui et la frustration des animaux grâce à l’apport de stimuli visuels, sonores, sociaux, alimentaires, interactifs, etc.
Le nouvel arrêté interdit également, dans un délai de six mois, les présentations nocturnes, les effets sonores et lumineux stressants, l’échouage des animaux lors des spectacles, ainsi que les contacts directs avec le public : plus d’immersions dans les bassins avec les dauphins, notamment. Des temps de pause et de repos minimaux sont exigés entre les présentations publiques et la mise à la diète avant un spectacle est proscrite. À chaque fois, des messages pédagogiques doivent être diffusés pour sensibiliser le public (origine des animaux, composition du groupe, effectifs des populations sauvages, biologie, habitat naturel, actions de conservation et de recherche, etc.) et promouvoir la biodiversité marine.
Enfin, l’article 30 du nouvel arrêté demande expressément aux responsables d’un établissement hébergeant des cétacés de prendre toutes les mesures requises pour prévenir les inondations de leurs installations, ainsi que leurs conséquences sur les animaux marins. À terme, le marineland d’Antibes, régulièrement inondé, est condamné à fermer ses portes.
Les quatre delphinariums concernés
- Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes)
- Parc Astérix (Oise)
- Planète sauvage (Loire-Atlantique)
- Moorea Dolphin Center (Polynésie française)