Un coronavirus de cochon est capable de se transmettre facilement aux poules et aux dindes qui développent la maladie. Un potentiel danger pour l’être humain ?
Le deltacoronavirus porcin en question fut identifié pour la première fois chez le cochon en Asie en 2009 et provoqua une épidémie de diarrhée porcine aux États-Unis (Ohio) en 2014. Les deltacoronavirus sont historiquement retrouvés chez les oiseaux, et de ce fait, les scientifiques ont soupçonné une origine aviaire à ce virus porcin et un potentiel de réinfection chez les oiseaux.
Après avoir découvert que le deltacoronavirus porcin pouvait infecter des cellules en laboratoire de plusieurs espèces, notamment de poules et d’humains, des chercheurs de l’Ohio State University se sont intéressés au plus près à sa transmission inter-espèce.
Ils ont donc infecté poules et dindes avec le virus du cochon. Deux jours après infection, les oiseaux ont développé une diarrhée qui s’est propagée à d’autres oiseaux sains, en contact avec les animaux infectés. Sur la base de la durée et de la gravité des symptômes, l’étude a montré que les dindes sont plus sensibles au virus que les poules.
Les autres signes de maladie chez les oiseaux comprenaient des voies intestinales distendues contenant du gaz et du liquide jaune, des niveaux élevés d’ARN viral dans les écouvillons de leur trachée et de leurs voies digestives, et une augmentation des niveaux d’anticorps chez les oiseaux directement infectés et certains secondairement infectés. Les poules et les dindes excrétaient toujours le virus à 14 jours, lorsque l’étude s’est terminée. Le temps d’infection reste donc encore indéterminé.
Malgré la présence d’ARN viral dans la trachée, les oiseaux n’ont montré aucun signe de symptômes respiratoires, ce qui rendrait le virus plus dangereux qu’avec uniquement des symptômes entériques – intestinaux. Et alors que le virus peut entrainer la morte de porcelets, cela n’a pas été le cas chez les oiseaux.
Comprendre les différences physiopathologiques entre les espèces pourrait permettre d’identifier des cibles thérapeutiques qui protègent une espèce mais pas une autre.
Cependant, la propagation rapide a surpris et inquiété les scientifiques qui n’imaginaient pas que le virus pourrait ensuite se propager seul entre les oiseaux.
Il est impossible de tester la même hypothèse chez l’humain, mais si le modèle de culture de cellules humaines est aussi prédictif que chez la poule, les humains sont certainement également susceptibles à ce deltacoronavirus porcin. En effet, le virus s’attache au même type de récepteur dans de nombreuses espèces hôtes différentes.
Bien qu’il n’y ait pas de dépistage en place pour détecter ce virus porcin chez l’humain, il est possible que l’humain ait déjà été exposé et infecté et ait même eu des symptômes. En effet, les symptômes d’une gastro-entérite ou d’une intoxication alimentaire pourraient en réalité venir de ce virus.
Affaire à suivre.