Les chevaux athlètes de haut niveau sont soumis à des conditions de vie et à un entraînement intensif susceptibles de compromettre leur bien-être en modifiant notamment le microbiote intestinal. Toutefois, bien que bénéfique pour le mental de ces chevaux, une courte période passée au pré ne semble pas suffisante pour rééquilibrer sur le long terme les populations microbiennes, qui montrent une certaine résilience face aux changements environnementaux.
Comme tous les athlètes, les chevaux de compétition sont soumis à un entraînement rigoureux qui peut provoquer un stress physique et mental à long terme. Cet état, à la longue, peut compromettre leur bien-être et altérer leur microbiote intestinal. Chez l’homme, le déséquilibre du microbiote intestinal a été mis en cause dans la pathogenèse de maladies mentales telles que les troubles anxieux et la dépression. Mais le rôle que joue le microbiote dans les expressions comportementales des chevaux confrontés à un stress physique et mental doit encore être exploré. Les mécanismes qui contrôlent la résilience et la dynamique du microbiote chez ces animaux souffrant de troubles comportementaux restent méconnus.
Bien que des preuves formelles manquent encore chez le cheval, certains auteurs estiment que l’impact du stress chez ces athlètes équins pourrait être atténué par des périodes brèves dans un environnement plus naturel, comme une mise au pré avec des congénères par exemple. En effet, ces sportifs de haut niveau vivent souvent dans des conditions très contrôlées, dans des boxes individuels qui les empêchent d’adopter des comportements propres à leur espèce et modifient leurs communautés microbiennes intestinales. Cette courte période passée au pré pourrait notamment être bénéfique pour les bactéries intestinales de ces animaux (augmentation de la diversité bactérienne, réduction de l’abondance des taxons pro-inflammatoires et des pathobiontes).
Pour tester cette hypothèse, des chercheurs ont évalué l’effet d’une période au pré sur le bien-être du cheval et la composition de son microbiote intestinal. Au total, 27 chevaux de compétition ont été suivis avant et après une période d’un mois et demi au pâturage. Leur microbiote fécal et leurs profils comportementaux ont été comparés à ceux de 18 chevaux hébergés dans des boxes individuels. Au final, les résultats apparaissent moins significatifs que prévu.
Bien que les effets du pré sur le bien-être équin soient évidents, la diversité globale et la composition du microbiote ne semblent pas différer autant que cela entre les individus mis au pré et les chevaux isolés au box. Les populations intestinales microbiennes font preuve de résilience face à ce changement d’environnement. Il faut tout de même noter que l’accès à l’extérieur induit une augmentation des populations de Ruminococcus et Coprococcus pendant un mois après le retour en boxes individuels. Bien qu’agissant sur une période courte, ces bactéries productrices de butyrate et fonctionnellement redondantes ont des effets positifs sur la santé. Une période plus longue au pré pourrait outrepasser la résilience de l’écosystème intestinal à l’environnement et booster le potentiel bénéfique du changement microbiotique à plus long terme, afin d’optimiser le bien-être animal.
Ces résultats sont notamment en faveur de l’hypothèse selon laquelle le mal-être chez le cheval peut influencer le microbiote intestinal via l’axe intestin-cerveau. Des études futures portant sur la discordance entre le microbiote intestinal et le comportement à plusieurs échelles de temps devraient permettre la mise en place de stratégies ciblées sur le microbiote, afin de contribuer à l’amélioration du bien-être chez les chevaux de compétition.