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Le Parlement européen veut la fin de la prescription-délivrance pour les antibiotiques

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Le Parlement européen veut la fin de la prescription-délivrance pour les antibiotiques

Le Parlement de Strasbourg a adopté une résolution pour lutter contre la résistance aux antibiotiques, lors de la session plénière du 11 décembre 2012. Si son impact réglementaire ou législatif est faible, les eurodéputés n’en ont pas moins affirmé leur vision du rôle du vétérinaire en termes de santé publique et d’antibiorésistance.

Anna Rosbach, eurodéputée danoise

 

C’est dit et écrit : « Le droit de prescrire des antibiotiques aux animaux devrait être restreint aux vétérinaires et distinct du droit de vendre ces traitements afin d’éviter une incitation à prescrire. » Cette résolution non contraignante, rédigée par Anna Rosbach (ECR, Danemark), a été adoptée par 588 voix pour, 16 contre et 23 abstentions. Autant dire que la ligne du Parlement européen est claire sur ce dossier, à la veille du débat lancé par le ministère de l’Agriculture en France. Une position que redoutait Christophe Buhot, président de la FVE, lors des Rencontres nationales vétérinaires à Paris, fin novembre.

Dans le cadre des réflexions internes à la profession, tous s’accordaient sur le fait que le modèle danois était loin de répondre à la problématique de l’antibiorésistance. Un avis relayé par le ministre lui-même, Stéphane Le Foll.

Les chiffres présentés à Strasbourg ne laissent pourtant aucun doute sur la position des politiques : « Les bactéries résistantes aux antimicrobiens provoquent quelque 400 000 infections et 25 000 décès par an et représentent un surcoût d’au moins 1,5 milliard d’euros en soins de santé et en perte de productivité. »

Plusieurs axes de travail sont proposés.

 

Changer les comportements

Communication et formation sont les deux mots d’ordre, tant des professionnels de santé que des consommateurs (patients, éleveurs, etc.).

Un changement de mentalité dans les usages est également mis en avant : médecins, pharmaciens et vétérinaires doivent rapidement modifier leurs approches, de même que les agriculteurs.

En outre, le Parlement considère que le partage des informations entre les citoyens, et pas uniquement entre les professionnels de la santé et les vétérinaires, est essentiel pour améliorer la sensibilisation, donc la prévention. Le recours aux guides de bonnes pratiques, par espèce et par maladie, est préconisé. Dans ce domaine, tous les professionnels sont concernés, selon la formule consacrée : One Health.

D’ailleurs, le Parlement demande que le plan d’action stratégique sur cinq ans de la Commission contre la résistance aux antimicrobiens englobe tous les animaux qui relèvent de la stratégie de l’Union sur le bien-être animal, y compris les animaux de compagnie et ceux utilisés dans le sport.

 

Priorité à la prévention

« Pour éviter l’utilisation massive d’antimicrobiens, l’élevage, l’aquaculture et la médecine devraient se focaliser sur la prévention des maladies plutôt que sur un usage prophylactique, en améliorant l’hygiène, en particulier dans des environnements sensibles tels que les hôpitaux et, de manière générale, dans l’élevage animalier. » 

Si l’objectif principal des exploitants est de maintenir leur cheptel en bonne santé et productif par de bonnes pratiques agricoles (hygiène, aliments adéquats, élevage approprié et gestion adaptée des animaux), les bêtes demeurent exposées à des infections. Il convient donc de mettre à leur disposition un traitement et des médicaments vétérinaires spécifiques pour les soigner.

Aussi, le Parlement propose de nouvelles mesures pour promouvoir des systèmes d’élevage durables. Fondés sur des bonnes pratiques de gestion, ils optimisent l’utilisation efficace des ressources et limitent la dépendance des éleveurs vis-à-vis des intrants coûteux et non durables qui représentent un danger pour l’environnement et la santé publique. Dans le cadre de la stratégie “Europe 2020”, les « agriculteurs pourraient accéder à des outils intelligents, efficaces et différents pour soigner leurs animaux, y compris pour les usages marginaux et les espèces mineures, qui sont actuellement confrontés à un grave manque de médicaments vétérinaires. »

Dans le collimateur du Parlement, l’élevage intensif. Il ne peut être encouragé face à des systèmes de « production de denrées alimentaires durables (…) potentiellement moins exposés à la résistance aux antimicrobiens ». Ainsi, il est demandé à la Commission européenne de réévaluer la densité maximale en élevage, car la taille des troupeaux constitue un obstacle au traitement d’individus ou de petits groupes d’animaux.

Anna Rosbach

 

Vers de nouvelles pratiques en médecine d’élevage

Le Parlement désapprouve l’usage régulier d’antimicrobiens pour les traitements prophylactiques dans les élevages. Il prétend limiter le recours préventif à ces molécules aux cas qui répondent à des besoins cliniques définis. Dans le traitement des troupeaux, le but est de restreindre la prescription et l’utilisation des antibiotiques aux cas pour lesquels un vétérinaire a établi qu’il existe une justification clinique claire, et le cas échéant épidémiologique, pour traiter tous les animaux.

En positionnant le praticien au cœur de la prévention des maladies, l’expertise du vétérinaire en sort renforcée. Cela devrait inciter l’État français à consolider le maillage territorial de sa politique sanitaire.

Cela est d’autant plus opportun que le Parlement souhaite voir l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) se focaliser sur sa mission de suivi et d’analyse de la résistance aux antimicrobiens parmi les animaux d’élevage dans l’Union. Enfin, des systèmes d’enregistrement électronique pourraient voir le jour afin de garantir l’utilisation correcte des antibiotiques dans les exploitations agricoles.

 

Encourager la recherche et l’innovation

Force est de constater que l’innovation en matière d’antibiotiques est dans l’impasse. C’est pourquoi le Parlement encourage l’ensemble des États membres à favoriser davantage les partenariats public-privé (PPP). Il souhaite une réforme de la propriété intellectuelle (droits transférables et prolongation de durée des brevets) dans ce domaine, afin d’inciter les entreprises privées à investir sur la durée dans cette R&D.

Une place importante est aussi accordée aux traitements préventifs. La vaccination reste la voie la plus prisée et la plus sûre pour le moment.

 

Aliments médicamenteux, même combat

S’il est demandé à la Commission de renforcer le cadre réglementaire du médicament vétérinaire dans sa globalité, les aliments médicamenteux pourraient être alignés sur les médicaments. Les conséquences ? Un contrôle plus strict de ces aliments et une vérification par les autorités, selon les critères réglementaires visant les médicaments. Ils seraient par ailleurs soumis à l’obligation de prescription.

 

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