Pour la première fois, la prévalence de la dermatophytose a été caractérisée dans les populations sauvages de hérissons en France. Résultat : 25 % de ces animaux sont atteints de cette mycose cutanée, transmissible à l’homme. Face au nombre croissant de hérissons infectés, les chercheurs s’inquiètent des conséquences en santé animale et publique.
La prévalence des dermatophytoses, aussi connues sous le nom de teignes, dans les populations de hérissons sauvages est en pleine progression en France, d’après une nouvelle étude, unique en son genre. Des chercheurs de l’école vétérinaire d’Alfort ont échantillonné 412 hérissons sur un an, hébergés dans leur hôpital de la faune sauvage, et ont trouvé que 112 d’entre eux étaient positifs à la teigne, soit 27 % des animaux. Outre Trichophyton erinacei, présent chez 94,6 % des hérissons infectés, Trichophyton mentagrophytes et Nannizzia gypsea ont également été retrouvés.
Des études précédentes indiquaient une prévalence en France autour de 13 % pour les hérissons européens sauvages et plutôt 21 % pour les animaux captifs. Bien que l’arrivée des hérissons au centre de sauvetage d’Alfort ait pu contribuer à leur infection par des dermatophytes et légèrement gonfler les statistiques, ces chiffres en hausse inquiètent. Les chercheurs craignent une augmentation du risque de contaminations croisées. En effet, cette affection due à des champignons peut, entre autres, contaminer l’homme et le chien et provoquer de sévères troubles cutanés. Chez l’homme, la maladie est parfois très inflammatoire, voire douloureuse.
Si en France et en Europe, les hérissons sont des animaux protégés, la destruction de leur habitat et l’usage de pesticides, qui réduisent leurs ressources alimentaires, les attirent dans les zones périurbaines. Le nombre croissant de hérissons admis chaque année dans les centres de réhabilitation de la faune reflète ce rapprochement avec l’activité humaine. Les contacts plus fréquents, avec l’homme et les animaux de compagnie comme le chien, augmentent en parallèle le risque infectieux et constitue une source de préoccupation, tant pour la santé animale que pour la santé publique.
Tout contact avec les hérissons devrait être limité au maximum, selon les chercheurs. Même les animaux qui paraissent sains représentent un risque. En effet, si la plupart des hérissons atteints de teigne présentent des signes cutanés, un tiers d’entre eux restent asymptomatiques, d’après la nouvelle étude. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si le portage asymptomatique est dû à un simple transport mécanique ou à une infection par des isolats de plus faible virulence. Mais en attendant, la forte prévalence des porteurs asymptomatiques détectés dans cette étude souligne l’existence d’un risque de dissémination et de transmission zoonotique plus important que prévu.
La prévalence de la teigne chez les hérissons, désormais démontrée, implique la nécessité de renforcer la vigilance sur le territoire national. Les personnes qui recueillent un hérisson doivent ainsi être particulièrement prudentes, même en l’absence de signes visibles de maladie. Les vétérinaires sont également invités à renforcer les mesures de protection et de prévention (détection et traitement précoce des animaux infectés et porteurs sains) afin d’enrayer la transmission des dermatophytes à l’homme. Pour limiter les risques, notamment au sein des centres de sauvetage de la faune sauvage, l’étude émet plusieurs suggestions telles que le confinement individuel lorsque cela est possible et la désinfection quotidienne des cages et des outils en contact avec les hérissons. Ces mesures, faciles à adopter, devraient garantir le succès du traitement des animaux infectés et asymptomatiques.