Les foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de sous-type H5N8 se multiplient en Europe, tant au sein des populations d’oiseaux sauvages que dans les élevages de volailles. La France vient de confirmer la découverte des premiers cas sur son territoire, dans le Pas-de-Calais, chez 25 canards sauvages. La période de migration de certaines espèces d’oiseaux joue un rôle majeur dans la diffusion du virus grippal, rendant le renforcement de la surveillance et des mesures de gestion plus que jamais nécessaire. À ce jour, aucun cas lié au sérotype H5N8 n’est signalé chez l’homme.
Le premier cas français d’IAHP H5N8 a été confirmé le 26 novembre, à la suite d’une mortalité observée au sein d’un groupe de 75 canards sauvages détenus sur un plan d’eau privé de la commune de Marck (Pas-de-Calais) et utilisés pour la chasse au gibier d’eau. Pour le moment, cette découverte ne remet pas en cause le statut international de la France vis-à-vis de l’influenza aviaire, car ces canards appelants ne sont pas considérés comme des volailles, selon la définition du Code terrestre de l’OIE. À moins d’un nouveau cas dans un élevage d’oiseaux domestiques d’ici au 3 décembre prochain, la France devrait même recouvrer le statut “indemne d’IAHP”, perdu après l’épisode d’influenza aviaire hautement pathogène (sérotypes H5N1, H5N2 et H5N9) qui avait touché les élevages du Sud-Ouest durant l’hiver 2015.
Dès la confirmation du cas, tous les canards appelants du site de Marck ont été abattus, mais aussi 35 canards appelants de Boulogne-sur-Mer, 4 km plus loin, qui avaient séjourné sur le même plan d’eau que le groupe atteint. Deux secteurs de surveillance renforcée ont été mis en place dans les communes voisines du foyer : les vétérinaires y vérifient l’application stricte des mesures de confinement et de biosécurité dans les élevages, définies par arrêtés*, qui visent à empêcher tout contact avec l’avifaune. Dans les zones écologiques à risque épizootique élevé, comme celle du Pas-de-Calais, le confinement obligatoire ou la pose de filets s’appliquent (sauf dérogation), et les déplacements d’appelants sont interdits. En période de pic migratoire, le ministère de l’Agriculture rappelle en outre l’importance de signaler toute mortalité d’oiseaux sauvages sur le territoire. En effet, la migration des canards, des oies et des cygnes est actuellement maximale.
À l’instar de la France, plusieurs États confrontés à la propagation du virus ont pris des mesures de confinement des élevages de volailles, soit sur tout leur territoire, soit dans certaines régions. Au 28 novembre, 11 pays européens ont déclaré 127 cas ou foyers chez des oiseaux sauvages : 62 en Suisse, 23 en Allemagne, 18 au Danemark, 12 aux Pays-Bas, 3 en Pologne et en Autriche, 2 en Croatie, 1 en France, en Finlande, en Hongrie et en Suède. Dans 60 % des cas, les oiseaux trouvés morts sont des canards.
Du côté des exploitations de volailles, 7 pays d’Europe ont confirmé 38 cas ou foyers chez des oiseaux domestiques et captifs : 16 en Hongrie, 15 en Allemagne, 2 en Autriche et en Russie, 1 au Danemark, aux Pays-Bas et en Suède. Au-delà, un foyer a été déclaré en Israël à la frontière avec la Jordanie, le 13 novembre, dans un élevage de 45 000 poulets.
La Commission européenne et la Food and Agriculture Organization (FAO) appellent leurs États membres à faire preuve de vigilance et à réduire le risque d’apparition de nouveaux foyers, notamment en prenant des mesures telles que l’augmentation des niveaux de biosécurité dans les exploitations de volailles et les basses-cours.
> Arrêté du 16 novembre 2016 modifiant l’arrêté du 16 mars 2016