Au total, quinze foyers d’influenza aviaire hautement pathogène pour les volailles (sérotypes H5N1, H5N2 et H5N9) ont été détectés dans cinq départements du sud-ouest de la France : huit en Dordogne, quatre dans les Landes, un en Haute-Vienne, un dans le Gers et le dernier dans les Pyrénées-Atlantiques. Les souches séquencées ne sont pas asiatiques, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), ce qui devrait réduire les craintes d’une éventuelle transmission à l’homme. Pour l’heure, le retour de la grippe aviaire sur le territoire français semble davantage un enjeu économique pour la filière qu’un problème de santé publique. Pour les éleveurs, la médiatisation accroît en outre le risque de défiance des consommateurs vis-à-vis des produits avicoles, à la veille des fêtes.
Après la Dordogne, les Landes, la Haute-Vienne, le Gers, le département des Pyrénées-Atlantiques est à son tour touché par le virus grippal, à la limite du Gers et des Hautes-Pyrénées. Les cas d’infection se multiplient depuis la détection du premier foyer, le 24 novembre 2015, dans une basse-cour familiale à Biras. À ce jour, les quinze foyers d’influenza aviaire hautement pathogène mis en évidence dans les cinq départements du Sud-Ouest ont entraîné l’abattage de quelque 71 000 volailles (canards, oies, poulets, poules et pintades).
En région Aquitaine, la Dordogne, premier département concerné, compte d’ores et déjà huit foyers confirmés :
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N1) dans une basse-cour de 32 poules à Biras, détecté le 24 novembre 2015 ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N1 et H5N9) dans un élevage de 14 000 canards à Saint-Paul-la-Roche, mis en évidence le 28 novembre ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N2) dans une exploitation de 1 000 oies à Domme, détecté le 30 novembre ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5) au sein de la zone de surveillance de Domme, dans un élevage de 1 000 canards et 4 000 poulets à Cénac-et-Saint-Julien, mis en évidence le 4 décembre dans le cadre du programme national de surveillance ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N9) dans un élevage de 630 canards à Bosset, détecté le 6 décembre à la suite de la mortalité d’une cinquantaine de volailles ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5) dans un élevage de 1 000 canards à Nantheuil, détecté le 7 décembre dans le cadre de la surveillance mise en place lors de la sortie d’animaux de la zone réglementée ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N1) dans une basse-cour de 25 poules, 3 canards et 2 oies à Montignac, confirmé le 8 décembre ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N1) dans un élevage de 1 070 canards encore à Bosset, détecté le 14 décembre.
Plus bas, toujours en Aquitaine, le département des Landes recense quatre foyers :
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5) dans un élevage de 500 canards en gavage situé à Josse, détecté le 6 décembre ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N9) dans un élevage de 24 550 volailles (4000 pintades, 8 800 poulets, 4 550 chapons, 7 200 pintadeaux) à Doazit, détecté le 7 décembre à la suite d’une mortalité anormale de 700 pintades ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N9) dans un élevage de 21 060 volailles (4000 pintades, 12 600 poulets, 3 500 chapons, 960 canards) à Horsarrieu, détecté le 9 décembre après la mortalité de 400 pintades ;
- un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N2) dans un élevage de 1 700 canards encore à Doazit, mis en évidence le 14 décembre.
Dans le Limousin, la Haute-Vienne ne compte qu’un seul foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N1), confirmé le 9 décembre dans un élevage de 250 volailles situé dans la commune des Billanges.
En Midi-Pyrénées, le Gers déplore un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N2) à Manciet, détecté le 9 décembre dans un élevage de 8 300 canards où l’éleveur avait observé des signes cliniques chez certains animaux.
En Aquitaine, les Pyrénées-Atlantiques viennent d’isoler un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (H5N9) dans un élevage de 1 500 canards à Arrosès, confirmé le 11 décembre.
Selon l’Anses, pour les souches identifiées, d’origine européenne, aucun cas de transmission à l’homme n’a jamais été rapporté. Il ne s’agit donc pas de souches asiatiques, comme lors de l’épisode de 2006. En cette période de forte activité pour les producteurs de foies gras et de volailles festives, les autorités françaises n’ont de cesse de rappeler également que le virus n’est pas transmissible à l’homme via la consommation de produits alimentaires.
Pourtant, depuis l’annonce du premier foyer fin novembre, une quinzaine de pays, principalement d’Asie et d’Afrique du Nord, ont fermé leurs frontières aux volailles et produits avicoles français : la Chine, la Corée du Sud, le Japon, la Thaïlande, le Vietnam, Taïwan, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, mais aussi l’Ukraine, l’Arabie saoudite, le Brésil. Le Maroc vient même d’élever son niveau d‘alerte face à une éventuelle contamination de ses élevages, invitant les vétérinaires à la plus grande vigilance. Des signes qui semblent laisser peu de place à un retour rapide à la normale, dans un contexte de contamination de deux nouveaux départements français. Le ministère de l’Agriculture maintient toutefois le dialogue avec chaque pays importateur pour tenter de limiter ces embargos à certaines catégories de produits provenant des seules zones infectées.
Dans l’Hexagone, éleveurs et services vétérinaires sont bien entendu mobilisés pour endiguer la propagation du virus grippal sur le territoire. Les préfets des départements touchés demandent ainsi aux éleveurs qui constateraient au sein de leur cheptel une baisse de productivité, une mortalité anormale, des symptômes respiratoires, digestifs ou nerveux de contacter sans délai leur vétérinaire.
Par ailleurs, les chasseurs ont interdiction d’emmener leurs chiens sur le terrain dans les zones de surveillance (10 km) mises en place autour des foyers de grippe aviaire jusqu’au 31 décembre prochain. La chasse aux oiseaux n’est pas autorisée dans les zones de protection (3 km) autour des foyers jusqu’au 22 décembre inclus. La chasse aux autres gibiers, en revanche, reste permise.