
Selon une dernière étude, l’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 clade 2.3.4.4b accélère son évolution, avec les génotypes B3.13 et D1.1 récemment détectés chez des bovins laitiers, des volailles, des oiseaux sauvages, des mammifères sauvages et des humains et, fait nouveau, le génotype D1.2 a été détecté chez des porcs élevés en plein air. Pour les auteurs, la filière porcine et la santé publique partagent désormais un même risque qui exige des réponses coordonnées via une approche “One Health”.
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Ce qui change
Les porcs occupent une place pivot dans l’écologie des virus influenza. Dans ce contexte, l’irruption du virus H5N1 2.3.4.4b à l’interface élevage-faune-humain change l’équation : la présence du virus chez plusieurs hôtes domestiques et sauvages accroît les opportunités de circulation interespèces, avec des conséquences potentielles pour la sécurité sanitaire des troupeaux, la sécurité des aliments et, in fine, un risque pandémique.
Les auteurs décrivent une situation évolutive, avec une circulation multihôtes des génotypes récents, une détection dans des élevages de bovins laitiers et des cas humains dans plusieurs régions du monde témoignant d’une dynamique épidémiologique plus rapide qu’auparavant. Dans ce tableau, la détection de D1.2 chez des porcs de plein air constitue un signal précoce que le réservoir porcin pourrait entrer à son tour dans la chaîne de transmission.
Les lacunes à combler
L’étude dresse la liste des zones d’incertitude qui freinent la prévention : quelle est la sensibilité réelle des porcs aux différents génotypes 2.3.4.4b ? Quelles cinétiques d’excrétion et quels modes de transmission (porc-porc, espèce-espèce) dominent ? Quels facteurs d’élevage (plein air, contacts avec la faune, regroupement d’espèces) amplifient le risque d’infection ? Et quelles seraient, pour la filière, les conséquences opérationnelles d’un épisode de grippe aviaire hautement pathogène chez le porc ? Ces lacunes dans la connaissance de la circulation virale justifient des recherches complémentaires et une surveillance prioritaire.
Ce que l’approche “One Health” pourrait apporter
Les auteurs appellent à prévenir l’introduction de H5N1 dans les élevages porcins et à minimiser la pression par des stratégies fondées sur les preuves : surveillance ciblée à l’interface faune-élevage, protocoles harmonisés de prélèvement et de diagnostic, partage rapide des données entre santé animale et santé humaine, mesures de biosécurité adaptées aux réalités de terrain, et formation des équipes au risque zoonotique. Objectif : garantir la sécurité des denrées, la résilience des systèmes de production et réduire la probabilité d’infections humaines, y compris dans les scénarios de forte diffusion.
Implications pour les élevages porcins
Concrètement, l’enjeu est de bloquer les portes d’entrée du virus, en réduisant les contacts avec la faune (gestion des points d’eau, attractivité des bâtiments), en séparant les espèces sur les sites mixtes, en renforçant l’hygiène et la surveillance clinique des animaux et des éleveurs exposés, en fluidifiant la remontée d’information entre les vétérinaires, les services de l’État et de la santé humaine. Dans les territoires à forte circulation du virus H5N1, une veille active et des plans d’intervention préétablis sont nécessaires pour éviter une diffusion silencieuse.
Le risque est bien présent : la dynamique actuelle du H5N1 clade 2.3.4.4b crée des conditions favorables à l’implication du porc dans le cycle de transmission. Tant que des lacunes persistent, l’option la plus sûre reste la démarche “One Health” afin d’anticiper l’incursion du virus, accélérer sa détection et couper les ponts entre les réservoirs animaux et l’humain.