lundi, décembre 29, 2025
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Grippe aviaire : la filière des bovins à viande pas (encore) concernée

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Grippe aviaire : la filière des bovins à viande pas (encore) concernée

Depuis 2024, la grippe aviaire ne se limite plus aux oiseaux. Aux États-Unis, le virus H5N1 hautement pathogène a franchi la barrière d’espèce en infectant des vaches laitières, provoquant une chute brutale de la production de lait et un bouleversement durable de la surveillance sanitaire. Cette situation a conduit plusieurs pays à réévaluer leurs vulnérabilités. En Australie, un rapport officiel s’est penché sur un scénario redouté : l’impact potentiel du virus grippal sur les élevages de bovins à viande. Si le risque a été jugé négligeable, des incertitudes demeurent.

 

Une exception américaine, pas un modèle universel

L’épisode américain a marqué une rupture. Pour la première fois, un virus influenza aviaire, le clade 2.3.4.4b, a circulé durablement chez des vaches laitières, avec une transmission entre les animaux. Cette situation reste, à ce stade, unique. Hors des États-Unis, des programmes de surveillance ciblée menés au Canada, au Royaume-Uni ou en Allemagne n’ont détecté aucune infection bovine, malgré une circulation intense du virus chez les oiseaux sauvages.

Le rapport australien souligne que les bovins à viande présentent un profil très différent de celui des vaches laitières. En effet, le virus se multiplie principalement dans la glande mammaire, où il est excrété à des concentrations extrêmement élevées dans le lait cru. Or, les bovins de boucherie adultes ne sont quasiment jamais exposés au lait d’autres animaux.

 

Un risque d’entrée faible, une propagation hautement improbable

Selon l’analyse, le passage du virus depuis les oiseaux vers les bovins à viande reste possible mais rare. Les données accumulées sur plusieurs décennies montrent que de tels franchissements de la barrière d’espèce ne se produisent que de façon sporadique. Même dans l’hypothèse de la présence du virus chez les oiseaux en Australie, la probabilité d’infection de bovins à viande est jugée faible et celle d’une propagation entre élevages considérée comme négligeable. Contrairement aux vaches laitières, les bovins à viande ne partagent ni le circuit de traite, ni les équipements contaminés par le lait, identifiés comme les principaux vecteurs de diffusion aux États-Unis. Les voies respiratoires ou digestives, testées expérimentalement, ne semblent pas permettre une transmission efficace entre les animaux.

 

Des conséquences sanitaires et économiques limitées

En cas d’infection, les conséquences attendues chez les bovins à viande seraient faibles. Les études expérimentales indiquent des formes cliniques légères et transitoires chez les animaux non allaitants. La mortalité observée dans les élevages laitiers américains reste modérée, et aucun effet durable sur la croissance ou la reproduction des bovins à viande n’est, à ce stade, démontré.

Sur le plan économique, l’impact serait sans grandes conséquences sur la production de viande par rapport à ce qui est observé dans la filière laitière, avec des pertes directes limitées. En revanche, le rapport insiste sur un point non négligeable : les répercussions commerciales et réglementaires. Des restrictions à l’exportation ou des mesures de contrôle renforcées pourraient peser sur une industrie fortement tournée vers les marchés internationaux.

 

Un risque faible, mais évolutif

Les auteurs restent toutefois prudents en raison d’un facteur clé : l’évolution du virus. Le clade 2.3.4.4b a montré une capacité inhabituelle à infecter un large éventail de mammifères. Chaque nouvel hôte représente une opportunité d’adaptation. Si le virus empruntait une voie de transmission efficace indépendante du lait, l’équation sanitaire pourrait changer. C’est pourquoi le rapport recommande de renforcer la biosécurité, d’éviter tout contact entre bovins et oiseaux sauvages, et de préparer dès maintenant des stratégies de réponse adaptées aux espèces non aviaires.

 

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