À Novalaise, en Savoie, un couple d’éleveurs canins a été placé en garde à vue pour importation illégale de chiens de race en provenance d’Europe de l’Est. Un vétérinaire, également interpellé, aurait facilité la vente des chiots en France.
Le 4 avril 2015, à l’issue de leur garde à vue, les deux gérants de l’élevage du lac d’Aiguebelette ont été entendus par les gendarmes de Pont-de-Beauvoisin, chargés de l’enquête. Ils sont soupçonnés d’un trafic de chiens lucratif entre la Hongrie et la France. Huit chiens de race shar-peï, chihuahua et bouledogue français ont été saisis et confiés à un refuge de la SPA en région parisienne.
Selon le vice-procureur du tribunal de Chambéry, Pierre Filliard, le couple d’éleveurs a reconnu une grande partie des faits qui lui sont reprochés face aux éléments présentés par les enquêteurs. Les animaux étaient achetés en Hongrie avant d’être revendus, non sans un bon profit, en Savoie. En revanche, le vétérinaire mis en cause a nié toute implication et a affirmé n’être pas au courant de ce trafic.
L’élevage était surveillé depuis environ trois ans par les services de la brigade nationale d’enquêtes vétérinaires, qui se posait des questions sur l’origine d’un grand nombre de chiens de race vendus sous son label. Or le nombre de chiots proposés à la vente, qui ne cessait d’augmenter pour répondre à la demande, n’était pas compatible avec les capacités des reproducteurs. En outre, l’élevage faisait l’objet d’un arrêté préfectoral de fermeture administrative pour non-respect de mise aux normes de ses installations. Les éleveurs n’avaient jamais demandé la levée de cette interdiction et poursuivaient leurs activités dans l’illégalité.
Les chiots importés via les filières d’Europe de l’Est le sont, bien entendu, hors de toute norme sanitaire et proviennent de pays où sévit encore la rage. Conditions d’élevage déplorables, forte mortalité durant le transport, vaccins périmés ou falsifiés, micropuces remplacées : les trafiquants ne reculent devant rien pour écouler leurs chiots mal sevrés, non sociabilisés et souvent pas immunisés.
Difficile de savoir exactement combien de chiens sont victimes de ce trafic au niveau européen. Si la loi française est claire sur le commerce des animaux domestiques, « les contrôles sont si rares que bon nombre d’éleveurs malhonnêtes agissent en toute impunité. Les pouvoirs publics, les douanes et la répression des fraudes devraient renforcer leurs contrôles et leurs actions face à ce phénomène qui prend de l’ampleur à l’échelle mondiale, et d’autant plus avec Internet », estime la fondation 30 Millions d’amis.
Il faut dire que le bénéfice pour l’éleveur peu scrupuleux peut se révéler très important : le prix d’achat en Bulgarie ou en Slovaquie peut être multiplié par trente lors de la revente. Un chiot acquis 30 € à l’étranger est ainsi revendu, après modification de ses papiers, entre 900 et 1 000 € en France.
Accusés de tromperie aggravée, les éleveurs encourent une peine maximale de sept ans d’emprisonnement et une amende de 750 000 €.