Détectée pour la première fois en Turquie fin 2013, la dermatose nodulaire contagieuse bovine poursuit sa propagation, en Europe et au-delà, avec une forte augmentation de l’incidence et malgré les mesures de contrôle mises en œuvre dans les neuf pays touchés. Dans l’Union européenne, cette maladie virale vectorielle, très contagieuse, touche déjà la Grèce et la Bulgarie. Pour le moment, la France reste indemne de cette affection, mais le risque d’introduction, même s’il est estimé très faible par l’Anses, existe néanmoins. La FAO, quant à elle, prend position pour une campagne vaccinale à grande échelle.
La diffusion du poxvirus de la dermatose nodulaire contagieuse se poursuit, touchant surtout les bovins et les buffles en Europe de l’Est et dans les Balkans. Via un communiqué, la Food and Agriculture Organization (FAO) appelle à vacciner massivement le bétail dans cette zone pour contenir l’épizootie, mais aussi dans les pays frontaliers à risque, restés indemnes jusqu’à présent (Roumanie, Croatie, Hongrie, Ukraine, Bosnie-Herzégovine).
Car la maladie a fait sa réapparition en Albanie, en Grèce et en Macédoine ces derniers mois, en dépit de la campagne de vaccination à grande échelle mise en œuvre en Europe du Sud-Est. La maladie n’a pu être complètement contenue et est susceptible de continuer à se propager si rien n’est fait pour la contrôler, alerte l’organisation des Nations unies.
Afin de prévenir, de contrôler et d’éradiquer la dermatose nodulaire contagieuse, la FAO incite les gouvernements des pays infectés à réaliser des campagnes de vaccination nationales, en particulier à l’approche de la saison vectorielle, qui débute généralement au printemps et pendant laquelle le taux d’activité virale est élevé, pour atteindre son maximum en été. En outre, une couverture vaccinale préventive en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et dans le nord de la Serbie, par exemple, permettrait de créer une zone tampon afin de stopper la progression de l’affection vers les pays voisins, comme la Hongrie et la Roumanie, indemnes à ce jour.
La vaccination est présentée comme une mesure essentielle pour prévenir la maladie et réduire le recours à l’abattage des troupeaux. Selon la FAO, l’abattage total des animaux dans les exploitations touchées ne doit être qu’une solution de dernier ressort, en raison des pertes économiques importantes pour les éleveurs concernés. Si l’abattage se révèle nécessaire, l’organisation recommande de réserver cette mesure aux cas cliniquement confirmés par l’analyse virologique réalisée par un laboratoire agréé. Les animaux devront alors être abattus et éliminés de façon appropriée le plus rapidement possible.
Malgré les progrès accomplis dans la lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse, quelques zones d’ombre subsistent. Tout d’abord, il reste à déterminer si la transmission d’un animal à l’autre via le lait infecté est possible, et si les animaux infectés qui ne montrent pas de signes cliniques peuvent transmettre le virus. Il est également nécessaire d’améliorer la coordination des efforts de lutte ainsi que la surveillance à l’échelle régionale.
Face à l’augmentation du nombre de foyers, la question du risque d’introduction de l’infection en France a été posée à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui s’est aussi prononcée sur la stratégie vaccinale à adopter le cas échéant. Dans son rapport révisé en juin dernier, l’agence estime que la probabilité d’apparition d’un premier foyer dans l’Hexagone est globalement faible, voire nulle selon le vecteur envisagé. Toutefois, le risque n’est envisagé que pour un an et sur la base des données de janvier 2017, il est donc susceptible d’évoluer selon la situation épidémiologique. En cas d’urgence, l’Anses évalue entre 600 000 et 800 000 le nombre de doses de vaccins (ou d’antigènes) nécessaires pour mener à bien une campagne de vaccination sur le territoire national.