
Un article présente une avancée majeure dans l’évaluation du bien-être animal dans la faune sauvage et captive. Il promeut des méthodes biomédicales non invasives plus précises, pour anticiper les stress physiologiques et prévenir les zoonoses ainsi que les impacts sur la biodiversité.
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Vers une évaluation plus fine du bien-être animal
Traditionnellement, le bien-être des espèces sauvages était mesuré via des indicateurs comportementaux ou hormonaux (comme le cortisol). Les auteurs de l’éditorial critiquent la validité de ces biomarqueurs isolés, souvent généralisés sans tenir compte de l’espèce, de l’âge, du sexe ou du contexte environnemental. Ils préconisent une approche systémique, intégrant plusieurs paramètres physiologiques (hormones thyroïdiennes fécales, variabilité de la fréquence cardiaque, marqueurs de stress oxydatif, enzymes métaboliques) pour détecter les altérations subtiles du bien-être avant qu’elles ne deviennent chroniques.
Des biomarqueurs adaptés à chaque espèce
Les auteurs insistent sur la nécessité d’adapter et de valider les méthodes au cas par cas, selon les espèces étudiées. Par exemple, les taux d’hormones thyroïdiennes mesurés dans les fèces peuvent varier selon la saison, l’état de santé des animaux ou l’environnement. Ces fluctuations, observées chez plusieurs ongulés sauvages, nécessitent de calibrer les seuils normaux selon le contexte individuel ou écologique.
De même, l’analyse combinée d’enzymes comme la créatine kinase, de métabolites lipidiques et de marqueurs de stress oxydatif fournit un portrait physiologique plus significatif, révélant une réduction d’activité, une altération immunitaire ou un stress chronique avant l’apparition de signes cliniques visibles.
Des avancées pour la santé publique et la faune sauvage
Une telle précision dans l’évaluation du bien-être des animaux sauvages est doublement bénéfique. Elle améliore la conservation des espèces vulnérables, en identifiant rapidement les facteurs de stress liés à la captivité, la pollution ou le déplacement. Elle réduit aussi les risques zoonotiques : un animal stressé ou immunodéprimé est plus susceptible de devenir un réservoir pour des agents pathogènes transmissibles à l’humain.
En intégrant des marqueurs comme le microbiote intestinal ou les réponses hormonales précoces, ces tests permettent d’anticiper l’apparition de maladies ou de réactions inflammatoires avant le développement de manifestations cliniques.
L’essor des techniques “omiques” et biomédicales innovantes
L’éditorial souligne le rôle croissant des techniques dites omiques (métagénomique, métabolomique, lipidomique) dans cette évolution méthodologique. En combinant données moléculaires, comportementales et environnementales, il devient possible de construire des profils individuels ou collectifs de santé animale adaptés à chaque espèce.
Des approches non invasives (prélèvement de fèces, échantillons d’urine, analyses thermographiques, mesure de la variabilité cardiaque) permettent des évaluations répétées, sans capture, minimisant le stress lié à l’opération elle-même.
L’article plaide pour prendre ce nouveau tournant : passer de l’évaluation visuelle unique à des diagnostics biomoléculaires validés. Cette nouvelle étape scientifique permet une amélioration de la précision dans les interventions vétérinaires, les programmes de réintroduction ou les évaluations d’animaux en captivité.