
Une étude menée entre novembre 2021 et mars 2022 dans la région de Lisbonne (Portugal) révèle que près d’un tiers des chats vivant dans des foyers où au moins une personne a été testée positive au Sars-CoV-2 ont développé des anticorps contre le coronavirus. Ces résultats soulignent l’importance d’intégrer les animaux de compagnie dans les stratégies de surveillance épidémiologique.
Une séroprévalence élevée chez les chats exposés
Sur 76 chats issus de 50 foyers humains positifs à la Covid-19, 30,3 % présentaient des anticorps détectables (test Elisa) et près de 70 % de ces cas avaient des anticorps neutralisants capables d’inhiber le virus dans les tests en laboratoire.
En comparaison, les chats issus de la population générale de Lisbonne affichaient des taux bien plus faibles : 14,7 % de séropositivité globale, et seulement 20,4 % possédaient des anticorps neutralisants. « Cela montre une exposition réelle et répétée des animaux domestiques au virus dans les foyers infectés », soulignent les auteurs.
Des réponses immunitaires spécifiques aux variants
L’analyse de la capacité neutralisante des sérums félins a mis en évidence une bonne efficacité contre les variants alpha et delta, mais une réponse beaucoup plus faible face au variant omicron, dominant depuis. Cela suggère que, comme chez l’humain, l’évolution du virus pourrait limiter la protection immunitaire acquise chez les animaux exposés aux souches antérieures.
Contrairement aux hypothèses initiales, l’étude n’a pas mis en évidence de lien significatif entre le risque d’exposition et les comportements humains : ni le fait de dormir avec son chat ni la sévérité des symptômes du propriétaire ne semblent influer sur les résultats. Toutefois, les chercheurs reconnaissent que des études à plus grande échelle sont nécessaires pour affiner cette évaluation.
Une tendance mondiale
Cette étude portugaise s’inscrit dans une tendance plus large. D’autres recherches internationales rapportent des taux de séroprévalence similaires chez les animaux domestiques dans des foyers positifs à la Covid-19 :
- en Europe, les taux varient de 21 % à 53 % selon les pays et les périodes ;
- aux États-Unis, environ 27 % des chats et 33 % des chiens exposés étaient séropositifs ;
- au Pérou, une étude similaire confirme l’impact de l’infection humaine sur l’état de santé du chat domestique, donc d’un risque zoonotique inversé.
Même si rien n’indique que les chats jouent un rôle actif dans la transmission humaine du virus, ces résultats confortent l’idée d’une vigilance bidirectionnelle : les humains peuvent contaminer leurs animaux de compagnie, qui développent une réponse immunitaire.
Les auteurs plaident pour une intégration systématique des animaux de compagnie dans les dispositifs de veille sanitaire en période de pandémie, afin de mieux comprendre les dynamiques de transmission interespèces.