En avril dernier, le Parlement européen trouve un compromis pour une meilleure information des consommateurs sur les denrées alimentaires. Parmi les mesures, le mode d’abattage des animaux devrait apparaitre sur les étiquettes d’emballage. Alors que la navette européenne devait aboutir, en juillet prochain, à une décision définitive de la part de l’Union européenne, la France a décidé de bloquer cette initiative.
C’est ce qu’il ressort d’une réponse du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, au député Nicolas Dupont-Aignan : « Le Parlement européen a en effet, dans sa résolution législative concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires, introduit, en première lecture, un amendement visant à la mise en place d’une mention obligatoire de l’abattage sans étourdissement sur la viande issue d’animaux abattus selon les rites musulman ou israélite. Le Gouvernement français n’y est pas favorable. » La principale raison ? « Un tel étiquetage différentiel serait de nature à déstabiliser les marchés de la viande de manière durable ». L’inquiétude du gouvernement français est bien économique, plus que religieux. En effet, depuis plusieurs mois, sous couvert de la dérogation d’un abattage rituel, on assiste à une généralisation de la mise à mort sans étourdissement pour la grande majorité des produits carnés, ce qui va à l’encontre même de la directive 93/119/CE sur la protection des animaux.
Or, comme le rappelle Bruno Le Maire, « le cas où la totalité de la carcasse d’un animal abattu rituellement serait sciemment vendue par l’abattoir à un opérateur ne commercialisant pas de viande sous appellation religieuse pourrait constituer une interprétation abusive de la dérogation admise par la CE. »
L’absence de réaction du ministère de l’Agriculture sur ces dérives françaises ne pourra donc pas être atténuée par l’amendement du Parlement européen. Bruno Le Maire préfère taire cette réalité aux consommateurs et ainsi bloquer une disposition européenne de transparence.
Mais Bruno Le Maire, à sa décharge, ne se sent pas concerné par le bien-être et la bien-traitance des animaux. N’est-ce pas non plus ce gouvernement qui a inscrit la corrida au patrimoine immatériel de la France, quand bien même, des pays à la culture tauromachique bien ancrée comme l’Espagne, délaisse des pratiques de mise à mort dignes d’un autre temps ?