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Brucellose : nouvel abattage massif en vue pour les bouquetins de Haute-Savoie

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Brucellose : nouvel abattage massif en vue pour les bouquetins de Haute-Savoie

Dès cet automne, plus des deux tiers des bouquetins du massif du Bargy devraient être abattus pour lutter contre la brucellose qui affecte ce cheptel. Une soixantaine d’animaux, marqués comme séronégatifs, seraient épargnés. Le préfet de Haute-Savoie a pris un arrêté* en ce sens, contre l’avis** des experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et du Conseil national de protection de la nature (CNPN). Pour la troisième année consécutive, l’espèce protégée Capra ibex est ainsi au cœur d’une polémique opposant les associations de défense de la nature et les syndicats agricoles dans ce massif des Alpes.

 

Dans le but d’éradiquer la brucellose qui affecte 40 % de la population des bouquetins du Bargy, la capture des animaux dont le statut vis-à-vis de l’infection n’est pas connu sera réalisée par les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Tous ceux testés séropositifs seront euthanasiés directement par des vétérinaires.
En complément, le préfet prévoit également l’abattage par les agents de l’ONCFS des bouquetins qui ne font pas partie du “noyau sain” de 61 individus testés séronégatifs cette année. Quelque 230 têtes, sur environ 300, devraient ainsi tomber durant l’automne. Des prélèvements post-mortem seront effectués pour analyse. Au printemps, les individus marqués du noyau sain seront de nouveau testés et les séropositifs feront à leur tour l’objet de l’opération de capture et d’euthanasie.

Et si la souche du Bargy ainsi assainie peine à se relever de ces mesures d’abattage, il est envisagé de réintroduire, en 2016, des bouquetins indemnes de la maladie en provenance d’autres massifs alpins.

Contrairement à l’arrêté préfectoral qui met en avant la protection de la santé publique, des cheptels domestiques et de la faune sauvage, quatre associations de protection de la nature (France nature environnement, la LPO, la Frapna et l’Aspas) se mobilisent contre cette décision qui ne tient pas compte de l’avis défavorable émis par le CNPN le 15 septembre.

En outre, « les études conduites par une quinzaine d’experts européens réunis par l’Anses entre octobre 2014 et juillet 2015 ont permis de démontrer que l’abattage massif, rapide, non différencié, loin de réduire la maladie, a pour conséquence d’augmenter les risques notamment par l’éparpillement des animaux », soulignent ces associations.

Bouquetin_BrucelloseL’un des scénarios proposés par l’Anses, la vaccination, n’a pas été retenu pour des raisons de fiabilité et de difficultés de mise en œuvre.
Selon les experts, les bouquetins du Bargy ne constituent pas un danger significatif pour les animaux de production ou l’homme. Il est en tout cas « très inférieur au risque lié à la brucellose importée qui représente plus de 80 % des cas de brucellose humaine en France chaque année ». En outre, le foyer du massif du Bargy ne peut être éteint sans envisager une gestion à long terme, avec des mesures combinées associant une élimination progressive des animaux séropositifs, sur plusieurs années, ainsi qu’une vaccination préventive.
De son côté, la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles des Savoie applaudit à un abattage efficace et rapide, avant la période de rut. Elle estime en effet que les bouquetins du massif du Bargy sont les seuls responsables de la contamination par Brucella melitensis d’un élevage laitier du Grand-Bornand en avril 2012, ainsi que de deux cas de brucellose humaine survenus en 2012 et 2013 dans cette même commune, au centre de la zone de production du reblochon.

L’an passé, le cheptel du Bargy avait déjà échappé de justesse à un abattage total. Sur l’intervention de Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, le protocole d’éradication de la brucellose avait été revu afin d’intégrer les dernières données scientifiques disponibles. L’État s’était alors contenté d’un abattage ciblé des seuls bouquetins dépistés atteints, sans parvenir à réduire la prévalence de la maladie. Cette année, les défenseurs de la nature ont bien l’intention de contester le nouvel arrêté préfectoral devant le tribunal administratif de Grenoble, dans l’espoir d’obtenir un nouveau sursis.

 

* Arrêté DDT-2015-0513 du 16 septembre 2015 relatif « à l’autorisation de capture, euthanasie de bouquetins séropositifs en vue de la constitution d’un noyau sain et en vue de sa surveillance, et ordonnant l’abattage de bouquetins non testés séronégatifs en 2015 sur le massif du Bargy (Haute-Savoie), en 2015 et 2016, pour maîtriser l’enzootie de brucellose au sein de cette population, dans l’intérêt de la santé publique et pour prévenir les dommages à l’élevage et aux filières agricoles de montagne».

http://www.haute-savoie.gouv.fr/content/download/18517/114485/file/62%20special-17septembre15recueil.pdf

** https://www.anses.fr/fr/system/files/SANT2014sa0218Ra.pdf

 

 

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