Le comportement des chevaux au pâturage apparaît souvent mystérieux pour l’homme. Parfois, un simple mouvement d’oreille ou de queue suffit à un cheval pour “parler” à l’ensemble du troupeau. Ainsi, savoir interpréter ces messages permet de former des groupes qui vivront ensemble plus harmonieusement.
Les chevaux utilisent une grande variété de moyens de communication plus ou moins subtils pour l’homme. Même dans un petit groupe domestique, leurs comportements ne sont pas toujours bien compris. Par exemple, quand un cheval a fini de boire, pourquoi refuse-t-il de laisser approcher de l’eau un congénère ? Ou comment se fait-il que ce cheval alezan apprécie la compagnie de cet autre alezan, mais chasse systématiquement le gris ?
Comme de plus en plus de propriétaires reconnaissent l’importance bien-être du cheval et d’offrir à leurs animaux des contacts sociaux en extérieur, il convient de savoir déchiffrer les interactions qui relient les chevaux en groupe afin de mieux les comprendre et de communiquer avec eux plus efficacement.
Les chevaux se transmettent des informations, positives ou négatives, par le biais des sons, des attitudes, mais aussi des odeurs. Face à la diversité de leurs moyens de communication, comment savoir si ceux mis ensemble au pré vont effectivement bien s’entendre ? Selon des chercheurs danois, le signe positif le plus fort entre deux chevaux est plutôt décevant : il s’agit juste de rester debout l’un près de l’autre. Ensuite vient le toilettage mutuel, au niveau du garrot, de l’encolure ou du dos. En revanche, les interactions négatives comprennent les cris, les menaces, voire les morsures, les coups de pied, etc.
Toutefois, de tels comportements agressifs ne signifient pas nécessairement que les chevaux ne s’entendent pas. Cette communication sert en effet à mettre en place et à maintenir une hiérarchie sociale, un phénomène tout à fait naturel au sein d’un groupe. La plupart des chevaux vont résoudre leurs différends sans besoin d’intervention humaine.
Dominance et hiérarchie font effectivement partie de la nature équine et sont souvent complexes. L’ordre social établi vise avant tout à protéger le troupeau, à maintenir les liens familiaux et à déterminer un accès prioritaire aux ressources (nourriture, eau et abri). Parfois, certains chevaux sont si dominants qu’ils semblent monter la garde devant les ressources, même s’ils n’en ont pas besoin à ce moment : ils vont ainsi se poster devant l’entrée de l’abri sans y entrer, ou garder la tête au-dessus d’une source d’eau commune. Mais à l’inverse, si le cheval le plus haut dans la hiérarchie n’a pas faim, il permettra aux autres de se nourrir en premier.
Les chercheurs identifient souvent les hiérarchies de troupeau grâce à une surveillance sur le terrain qui peut durer jusqu’à 15 heures par jour. Pour des propriétaires, la dynamique de groupe peut aussi être déterminée par des observations régulières, même si des contrôles intermittents, une fois ou deux par jour, n’offriront pas une image suffisamment précise. En outre, les relations peuvent évoluer au fil des semaines, des mois, des années. Un cheval ne naît pas dominant et ne gardera pas cette position sa vie durant.
Dans un troupeau, les chevaux forment habituellement des “sous-groupes” par affinités, dont les membres ont tendance à rester ensemble et entretiennent des relations étroites. De même, les chevaux de couleur similaire se regroupent souvent, tandis que ceux à la robe grise semblent être rejetés par les autres, même si aucune preuve scientifique ne vient étayer cette observation. L’expérience influence également leurs choix, les poussant à préférer des compagnons similaires à des congénères côtoyés dans le passé.
Enfin, la personnalité et le tempérament individuels jouent probablement un rôle clé dans les relations équines. Si les forcer à s’aimer est impossible, l’espace offert doit être suffisant pour permettre aux individus subalternes de fuir et de rester éloignés, sans se sentir piégés. Idéalement, il convient de placer dans le pré un nombre pair de chevaux, afin de réduire le risque d’en voir un rester isolé. Un groupe de deux chevaux est en outre un peu contre-nature parce qu’ils ne peuvent se choisir, chacun devant faire avec ce partenaire imposé pour répondre à ses besoins sociaux.
Ainsi, les chevaux sont des animaux sociaux qui recherchent la compagnie des autres, et qui communiquent pour établir un ordre social solide. Reconnaître cet ordre au sein d’un troupeau et gérer les chevaux selon leurs affinités et leurs besoins naturels permet d’assurer le bien-être du cheval dans un environnement domestique.
Source : The Horse, Understanding Herd Dynamics, avril 2015.