
Un avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) répertorie les principaux facteurs de risque pour le bien-être des bovins viande en Europe : revêtements de sol durs, accès à l’eau limité, alimentation déséquilibrée, températures élevées dans les bâtiments, absence d’enrichissement de l’environnement, pas ou peu d’accès à l’extérieur, espace alloué insuffisant, regroupement en lots selon l’âge, le poids ou le sexe. L’avis associe chaque risque à des mesures correctrices et à des indicateurs fondés sur l’animal pour guider éleveurs, vétérinaires et autorités sanitaires.
Table des matières
Les pratiques d’élevage évaluées
L’Efsa évalue les systèmes d’élevage de bovins destinés à la boucherie au niveau européen, du logement collectif des animaux à l’engraissement jusqu’au pâturage, et identifie, pour chaque contexte, les conséquences sur le bien-être (boiteries, troubles respiratoires et digestifs, lésions cutanées, soif prolongée, stress thermique, comportements anormaux, conflits sociaux), leurs causes et les indicateurs permettant de les détecter précocement.
Constat scientifique et principales recommandations
Les caillebotis en béton nu, glissants et durs, augmentent les troubles respiratoires et locomoteurs (boiteries) ainsi que les blessures. L’avis souligne l’intérêt des revêtements antidérapants et de la litière de paille pour réduire les chutes et améliorer le confort de couchage.
Un système d’abreuvement adapté (nombreux points d’eau, grand volume des abreuvoirs, propreté et nettoyage régulier des installations) conditionne le libre accès à l’eau et la prévention de la soif chez les bovins. Des files d’attente ou des abreuvoirs souillés doivent alerter l’éleveur.
Côté alimentation, l’excès de concentrés et le manque de fibres dans la ration favorisent des maladies comme l’acidose ruminale subaiguë et les affections bucco-dentaires. En prévention, il est donc recommandé de réduire l’apport de concentrés et d’augmenter l’apport de fourrages.
La chaleur est un facteur de stress majeur. L’Efsa recommande un approvisionnement en eau à volonté, l’usage de ventilateurs et d’arroseurs, et une acclimatation progressive des animaux. L’augmentation de la fréquence respiratoire, le halètement et la baisse d’ingestion alimentaire constituent des indicateurs de stress thermique à surveiller.
L’absence d’enrichissement environnemental et d’accès à l’extérieur appauvrit l’expression des comportements spécifiques à l’espèce. L’installation d’équipements favorisant le confort, le jeu ou l’exploration (brosses, etc.), un accès au pâturage et la liberté de mouvement réduisent les troubles du comportement.
L’espace disponible et la densité déterminent la possibilité pour les bovins de se coucher ou de se relever sans restriction de mouvement. Offrir un espace plus grand augmente le temps de couchage et permet aux animaux de maintenir une plus grande distance entre eux, réduisant ainsi le stress collectif.
Le mélange des lots pour former des groupes uniformes selon des critères tels que l’âge, le poids, le sexe ou l’état de santé perturbe la hiérarchie sociale et entraîne de nombreux conflits pendant la période de regroupement. Cette pratique génère un stress de séparation, une diminution de la cohésion du groupe, des troubles du comportement de couchage, des perturbations de l’alimentation et de l’abreuvement dues à un accès limité aux ressources notamment pour les animaux soumis, et une plus grande vulnérabilité aux maladies.
Indicateurs de bien-être : de la théorie à la pratique
L’avis privilégie les indicateurs fondés sur l’animal pour évaluer le bien-être en élevage bovin viande : prévalence de boiteries, de lésions cutanées, de comportements agressifs, files d’attente à l’abreuvoir, score de propreté des animaux, note d’état corporel, score de halètement (panting score) en période chaude, etc. Ces indicateurs, suivis à une fréquence définie et intégrés à des plans d’action correctifs, offrent un tableau de bord pragmatique et comparable entre les élevages.
En rassemblant preuves, indicateurs et mesures correctrices, l’Efsa fournit une trame pour la rédaction des cahiers des charges, l’audit d’élevage et la formation des éleveurs. L’avis s’accompagne d’un rapport technique détaillant les méthodes et les sources, utile aux services d’inspection pour harmoniser les pratiques.
Limites et besoins de recherche
L’hétérogénéité des systèmes d’élevage européens et le changement climatique imposent des adaptations locales. Des seuils quantitatifs plus fins en matière de température, de ventilation ou de densité, ainsi que l’évaluation de solutions numériques (détection automatique des boiteries ou des halètements) sont identifiés comme des pistes de progrès à explorer.
Le bien-être des bovins viande se joue d’abord sur des critères mesurables : sols sûrs et confortables, eau propre disponible à volonté, ration équilibrée, protection contre la chaleur, liberté de mouvement et enrichissement, espace adéquat et stabilité sociale.