Les effets de l’excès de poids sur la longévité ont été étudiés chez des chiens d’âge moyen stérilisés, suivis par un vétérinaire et leur propriétaire, et appartenant à douze races canines populaires. Menée en Amérique du Nord, l’étude cas-témoins rétrospective a recueilli des données auprès de quelque 900 hôpitaux vétérinaires sur une période de 20 ans. Les résultats montrent une association négative entre le surpoids et la durée de vie chez le chien de compagnie. Les auteurs soulignent la nécessité pour les vétérinaires de promouvoir un suivi de l’état corporel des chiens auprès de leur clientèle, en particulier ceux de 5 à 9 ans, afin de prévenir le développement de l’obésité canine dont la prévalence ne cesse d’augmenter.
Le surpoids ou l’obésité constituent désormais un problème de santé majeur chez le chien. De plus en plus nombreux, les chiens en surpoids ou obèses présentent en effet un risque accru de développer diverses maladies chroniques, un taux de mortalité précoce élevé, et souffrent d’une qualité de vie dégradée.
L’étude relative à la longévité canine a compilé les données cliniques, démographiques et géographiques d’un vaste réseau d’hôpitaux vétérinaires nord-américains, principalement situés aux États-Unis, sur une période allant de 1994 à 2015. Plus de 50 700 chiens d’âge moyen (5,5 à 9,5 ans), suivis dans ces cliniques, ont été inclus dans l’étude. Les chercheurs ont identifié des différences significatives d’espérance de vie chez les chiens stérilisés, mâles et femelles, de douze races canines (cocker américain, beagle, boxer, chihuahua, teckel, berger allemand, labrador et golden retriever, pitbull, spitz nain, shih tzu et Yorkshire terrier), représentant cinq classes de taille.
Pour chaque race, la durée de vie médiane a été calculée et les chiens ont été répartis dans deux groupes selon leur état corporel “en surpoids” ou “normal”. Au sein des deux groupes, les différences d’espérance de vie selon la condition physique ont été analysées pour chacune des douze races. Pour toutes les races, le risque de mortalité chez les chiens en surcharge pondérale était supérieur à celui des chiens en condition physique normale (ratios de risque variant de 1,35 pour le berger allemand à 2,86 pour Yorkshire terrier). De même, l’espérance de vie moyenne était plus courte chez les chiens en surpoids versus les chiens au poids normal, la différence d’impact variant selon la taille de la race considérée : la survie était la plus longue chez le Yorkshire terrier (13,7 ans en surcharge pondérale, 16,2 ans avec un poids normal) et moindre chez le berger allemand (surpoids : 12,1 ans, normal : 12,5 ans).
Ainsi, l’étude montre un effet significatif du surpoids sur la durée de vie des chiens de plusieurs races. Des résultats qui devraient inciter les vétérinaires à prévenir le développement de l’obésité chez les chiens de leur clientèle. En particulier, les praticiens pourraient utiliser ces conclusions dans le cadre d’une première consultation avec les propriétaires d’un chiot pour mettre en évidence le risque encouru pour la santé de leur animal une fois adulte, et la nécessité d’une prise en charge préventive. Les résultats pourraient également être utilisés pour convaincre les propriétaires de chiens déjà obèses de la nécessité de mettre en place un programme de perte de poids contrôlé.
Selon les auteurs, bien qu’une douzaine de races canines seulement aient été étudiées, le fait que l’association négative entre le surpoids et la durée de vie soit apparue pour les douze implique que le même effet est susceptible de se vérifier chez d’autres races. Néanmoins, ces extrapolations doivent être effectuées avec prudence, jusqu’à ce que des études incluant un panel de races plus large soient réalisées. De même, le recrutement de chiens stérilisés et âgés de 5 à 9 ans signifie que l’extrapolation à des chiens sexuellement actifs ou plus jeunes reste à explorer. En outre, des travaux supplémentaires sont à mener pour déterminer les causes de la différence d’espérance de vie entre les chiens en surpoids ou obèses et ceux avec un poids normal. Car dans cette étude, le surpoids n’était associé qu’indirectement à la longévité, par exemple en prédisposant les chiens à des maladies elles-mêmes mortelles (néoplasie) ou en exacerbant celles ayant un impact négatif sur leur santé (arthrose).