La dernière mise à jour de la “Liste rouge des espèces menacées” en France montre une dégradation de la situation, huit ans après le premier inventaire. Au total, 125 espèces de mammifères, natives de métropole, ont été évaluées. Cet état des lieux montre que 33 % des mammifères terrestres (+ 10 % par rapport à 2009) et 32 % des mammifères marins (+ 7 % versus 2009) sont soit menacés (17 espèces), soit quasi menacés (24 espèces). Les évaluations ont mobilisé une quarantaine de spécialistes, issus du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) et du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), mais aussi de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Sur les 103 espèces de mammifères terrestres et les 22 espèces de mammifères marins retenues dans l’analyse, onze espèces ont changé de catégorie entre 2009 et 2017. Parmi elles, trois seulement ont vu leur situation s’améliorer (bouquetin ibérique, rhinolophe euryale, grand rhinolophe) et huit autres connaissent une dégradation significative (vison et putois d’Europe, noctule, sérotine et pipistrelle communes, molosse de Cestoni, crocidure leucode, desman des Pyrénées).
Le vison d’Europe en voie de disparition
Avec une population estimée à moins de 250 individus, le vison d’Europe est désormais classé “en danger critique”. L’espèce connaît un déclin continu depuis le début du XXe siècle, victime de la destruction des zones humides, de la concurrence avec le vison d’Amérique, du piégeage accidentel, des collisions routières et des empoisonnements indirects dus à la lutte contre les rongeurs. En dépit des actions mises en œuvre, ce mustélidé est l’un des mammifères les plus menacés de France.
Les grands carnivores toujours menacés
L’ours brun (en “danger critique”) et le loup gris (“vulnérable”), mais aussi le lynx boréal (“en danger”, effectifs inférieurs à 150 individus) restent menacés. Malgré leur protection, ils demeurent la cible du braconnage (adultes) et sont victimes des collisions routières (jeunes). Une stratégie sur le long terme s’impose, associant tous les acteurs concernés, pour parvenir à une coexistence durable avec les activités humaines.
Les chauves-souris face au “Plan climat”
Après l’intensification de l’agriculture et de l’exploitation forestière, de nouvelles menaces affectent plusieurs espèces de chauves-souris, touchées par les travaux de rénovation et d’isolation des bâtiments qui entraînent la disparition de leurs gîtes. Les espèces migratrices, comme la noctule commune dont la situation est la plus préoccupante à long terme, sont en outre victimes de collisions avec les pales des éoliennes. D’autres espèces de chiroptères, sans doute menacées également, sont toutefois trop méconnues, comme le vespertilion bicolore, pour quitter la catégorie “données insuffisantes”.
Les mammifères marins sous pression
Le cachalot est en situation “vulnérable” en raison de ses faibles effectifs dans les eaux françaises, essentiellement à cause de la chasse commerciale dont il a été l’objet jusqu’en 1982. D’autres menaces pèsent sur l’espèce, comme la pollution du milieu marin, chimique et sonore, le trafic maritime, les captures accidentelles dans les filets maillants et la surpêche qui réduit les ressources alimentaires. Là encore, plus d’un tiers des espèces de cétacés sont toujours en catégorie “données in suffisantes”, ce qui ne permet pas d’apprécier leur situation. Parmi les pinnipèdes, le phoque veau-marin connaît une situation fragile. Très sensible aux maladies virales (morbillivirus), il subit en outre l’expansion du phoque gris avec lequel il est en compétition et est souvent capturé accidentellement. Toutefois, même si ses effectifs restent faibles (entre 400 et 500 individus), l’espèce est classée en catégorie “quasi menacée” en France car elle bénéficie des échanges avec les colonies voisines, notamment celles de Grande-Bretagne, et sa population tend actuellement à augmenter.
Quelques succès à suivre
Malgré la dégradation de la situation générale, certaines actions de conservation ont porté leurs fruits. Ainsi, en situation précaire il y a quelques décennies, la loutre d’Europe (“Préoccupation mineure”) a aujourd’hui recolonisé de vastes zones dans la plupart des régions françaises et le bouquetin des Alpes (“quasi menacé”), après avoir presque disparu de l’arc alpin français, a repeuplé plusieurs départements. Quant au bouquetin ibérique (“en danger”), grâce aux réintroductions dans les Pyrénées depuis 2014, il pourrait prochainement sortir de la Liste rouge. Les menaces qui le guettent sont désormais liées aux aléas climatiques ou d’ordre génétique. En effet, des taux de consanguinité élevés ont été relevés chez les bouquetins fondateurs, issus d’une même population réintroduite de la sous-espèce victoriae.
Pour inverser la tendance générale, les évaluateurs préconisent de mettre un terme à la dégradation des milieux naturels, de restaurer les zones humides et les bocages, et de maintenir une agriculture extensive. Ils recommandent également de « concilier la transition énergétique et la préservation de la biodiversité, afin de répondre au défi du changement climatique tout en sauvegardant les espèces et leur environnement. Pour les mammifères les plus menacés, des efforts ciblés doivent également être déployés pour développer des plans nationaux d’actions et renforcer ceux déjà engagés ».
Sur le sujet de la perte de la biodiversité et donc des animaux, petit commentaire en échange sous forme de dessins; je vous propose la découverte de deux séries de dessins « La robe de Médée » : https://1011-art.blogspot.com/p/la-robe-de-medee.html, ainsi que « Vous êtes ici » : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html.