mardi, décembre 3, 2024
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Baisse de la fertilité chez le chien : une aubaine pour la recherche humaine

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Baisse de la fertilité chez le chien : une aubaine pour la recherche humaine

Une étude* menée par l’université de Nottingham met en exergue une chute rapide de la fertilité chez le chien due à une baisse globale de la qualité du sperme canin au cours des trois dernières décennies. Les causes avancées pourraient également expliquer les nombreux cas d’infertilité chez l’homme, en lien avec une contamination environnementale.

 

reproduction canine fertilite chez le chien golden retrieverLes chercheurs britanniques ont prélevé le sperme de 42 à 97 chiens chaque année, sur une période totale de vingt-six ans, entre 1988 et 2014. Cinq races canines ont composé l’échantillon : le labrador, le golden retriever, le curly coat retriever, le border collie et le berger allemand. Selon l’analyse des données collectées, la baisse de la qualité du sperme canin apparaît significative et brutale, ce qui exclut de fait une origine génétique.

L’analyse s’est concentrée sur le taux et la motilité des spermatozoïdes. Sur la période étudiée, le pourcentage de spermatozoïdes mobiles normaux affiche une forte diminution. En une décennie, entre 1988 et 1998, la motilité des spermatozoïdes a baissé de 2,5 % chaque année. Entre 2002 et 2014, la chute s’est poursuivie jusqu’à un taux de 1,2 % par an. En plus de ce déclin, les chercheurs ont constaté une incidence accrue de cryptorchidie chez les chiots mâles issus des reproducteurs chez lesquels une baisse de la qualité du sperme avait été relevée.

L’étude penche pour une cause environnementale. Selon ses résultats, il existe un lien entre le déclin de la fertilité chez le chien et la présence de certains contaminants environnementaux détectés dans le sperme et les testicules des mâles adultes, mais aussi dans certains aliments pour animaux de compagnie disponibles dans le commerce, y compris ceux spécifiquement destinés aux chiots ! Et les concentrations de ces substances se sont révélées suffisantes pour altérer la motilité et la viabilité des spermatozoïdes lors des tests.

Or le chien, comme l’ont rappelé les chercheurs, est un animal de compagnie tellement proche de l’homme au quotidien que les résultats obtenus peuvent être transposés à la gent masculine qui, en parallèle, doit aussi faire face à une dégradation de la qualité de son sperme depuis soixante-dix ans. Le chien devient donc non seulement un modèle animal privilégié pour la recherche des causes du déclin de la fertilité masculine, mais également une sentinelle pour l’homme : « Il partage le même environnement, présente une gamme de maladies proches, souvent avec une même fréquence, et répond d’une manière similaire aux thérapies. » Ainsi, « la baisse de la qualité du sperme canin pose la question d’un effet similaire susceptible d’être également observé chez l’homme ».

L’atout majeur de cette étude est le fait que l’ensemble du protocole, de la collecte de sperme au traitement et à l’analyse des échantillons, s’est poursuivi durant vingt-six ans au sein du même laboratoire. Chez l’homme, la baisse de la qualité du sperme est un sujet controversé au sein de la communauté scientifique qui continue d’en débattre, car les échantillons prélevés, justement, ne suivent pas les mêmes protocoles d’analyse et ne sont pas traités par un même établissement de recherche. Mais le fait est là : la qualité du sperme humain subit effectivement une baisse significative depuis plusieurs décennies. Ses impacts sur la fertilité, regroupés sous le terme de syndrome de dysgénésie testiculaire, sont démontrés et associent une incidence en hausse du nombre de cancers des testicules, d’hypospadias ou encore de testicules non descendus. Des anomalies en augmentation au sein de la population masculine mondiale… comme chez le chien.

 

* Richard G. Lea et coll. : Environmental chemicals impact dog semen quality in vitro and may be associated with a temporal decline in sperm motility and increased cryptorchidism, Scientific Reports, 9 août 2016, http://www.nature.com/articles/srep31281

 

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