L’arrêté* qui fixe la liste des antibiotiques d’importance critique visés par le décret du 18 mars 2016 est paru. Au 1er avril prochain, les vétérinaires ne pourront plus y recourir dans le cadre de traitements préventifs, individuels ou collectifs, chez des animaux sains même exposés à une maladie infectieuse. Le texte liste également les méthodes de réalisation de l’antibiogramme à utiliser, au nombre de deux.
Comme pressenti, une cinquantaine de molécules sont concernées par l’interdiction d’usage en traitement préventif, prévue par le décret relatif à la prescription et à la délivrance des médicaments utilisés en médecine vétérinaire contenant une ou plusieurs substances antibiotiques critiques. En revanche, les molécules listées peuvent encore être prescrites dans le cadre de traitements curatifs ou métaphylactiques, mais sous certaines conditions (notamment examen clinique et antibiogramme indiquant que la souche bactérienne identifiée n’est sensible qu’à cet antibiotique critique).
Ainsi, les antibiotiques critiques non autorisés pour un usage en médecine vétérinaire sont :
> céphalosporines de 3e et 4e générations : ceftriaxone, céfixime, cefpodoxime, céfotiam, céfotaxime, ceftazidime, céfépime, cefpirome, ceftobiprole ;
> autres céphalosporines : ceftaroline ;
> quinolones de 2e génération (fluoroquinolones) : lévofloxacine, loméfloxacine, péfloxacine, moxifloxacine, enoxacine ;
> pénèmes : méropènème, ertapénème, doripénem, imipénème et inhibiteur d’enzyme ;
> acides phosphoniques : fosfomycine ;
> glycopeptides : vancomycine, teicoplanine, télavancine, dalbavancine, oritavancine ;
> glycylcyclines : tigécycline ;
> lipopeptides : daptomycine ;
> monobactams : aztréonam ;
> oxazolidones : cyclosérine, linézolide, tédizolide ;
> riminofenazines : clofazimine ;
> pénicillines : pipéracilline, pipéracilline et inhibiteur d’enzyme, témocilline, tircacilline, tircacilline et inhibiteur d’enzyme ;
> sulfones : dapsone ;
> antituberculeux et antilépreux : rifampicine, rifabutine, capréomycine, isoniazide, ethionamide, pyrazinamide, ethambutol, clofazimine, dapsone et ferreux oxalate.
Trois fluoroquinolones restent autorisées pour une administration par voie locale en ophtalmologie des animaux de compagnie et des équidés : la ciprofloxacine, l’ofloxacine et la norfloxacine.
Par ailleurs, seules deux méthodes d’analyse validées en santé animale peuvent être appliquées pour effectuer l’antibiogramme devenu obligatoire : les normes Afnor NF U47-107 (décembre 2012, guide de réalisation des antibiogrammes par la méthode de diffusion en milieu gélosé) et NF U47-106 (décembre 2004, détermination in vitro de la sensibilité des bactéries aux anti-infectieux par la méthode de dilution en milieu gélosé). La première méthode évalue simultanément l’activité inhibitrice de plusieurs anti-infectieux représentatifs d’une ou de plusieurs familles d’antibiotiques, sur une souche bactérienne (antibiogramme). La seconde, qui évalue l’activité inhibitrice d’un anti-infectieux donné simultanément sur une ou plusieurs souches bactériennes, s’applique aux bactéries aérobies à croissance rapide donnant une culture visible à l’œil nu, en atmosphère normale.
* Arrêté du 18 mars 2016 fixant la liste des substances antibiotiques d’importance critique prévue à l’article L.5144-1-1 du Code de la santé publique et fixant la liste des méthodes de réalisation du test de détermination de la sensibilité des souches bactériennes prévue à l’article R.5141-117-2, paru au JO du 25 mars 2016, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032291325&dateTexte=&categorieLien=id
Pour en savoir plus : Recommandations 2016 du comité de l’antibiogramme de la Société française de microbiologie (CA-SFM), mise à jour V1 février 2016, http://www.sfm-microbiologie.org/UserFiles/files/casfm/CASFM2016_V1_0_FEV.pdf