La France est indemne de cas autochtones de rage depuis 2001, mais pas de cas importés : le dernier en date, tout récent, remonte au 21 mai 2015, chez un bull terrier ramené d’Algérie. Or la maladie continue de tuer une personne toutes les dix minutes dans le monde. En prévision des vacances estivales, le ministère de l’Agriculture prend les devants et lance une campagne de sensibilisation pour rappeler aux voyageurs de ne pas rapporter d’animaux des pays où sévit la maladie.
En quatorze ans, onze cas de rage ont été importés en France, tous liés à des animaux contaminés à l’étranger, car la maladie est encore présente dans une centaine de pays. Le cas le plus récent est celui de Sultan, un chien ramené d’Afrique du Nord. L’enquête épidémiologique a permis de retracer le parcours de ce bull terrier de six mois illégalement introduit en France depuis la Hongrie puis l’Algérie. Mort dans la nuit du 17 au 18 mai dernier, sa contamination par le virus rabique de type Africa 1 a été confirmée par l’Institut Pasteur dès le 21 mai. Le cas précédent, un chaton de deux mois rapporté du Maroc jusque dans le Val-d’Oise, remonte au mois d’octobre 2013.
Plus de 90 % des cas humains de rage sont dus à des morsures de chiens infectés. Pourtant, contrairement à d’autres maladies, il est possible de l’éradiquer à sa source, via la vaccination de masse des chiens. Il y a un an, près de trois millions de doses de vaccins antirabiques ont été livrées par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) dans une dizaine de pays afin d’appuyer leurs campagnes vaccinales nationales, grâce au soutien financier de l’Union européenne et de l’Australie. Une première expérience qui servira de modèle à la création de nouvelles banques de vaccins pour d’autres régions du monde.
Pour diminuer le nombre de cas humains, encore faut-il aussi contrôler les populations canines errantes et promouvoir un comportement responsable de la part des propriétaires de chiens. C’est notamment l’objet de la campagne de communication du ministère de l’Agriculture « Gare à la rage », qui appelle à la vigilance à la fois les acteurs impliqués dans la prévention et le grand public. Il est ainsi rappelé que, lors d’un séjour dans un pays où la rage est endémique, mieux vaut s’abstenir de toucher un animal errant et de le rapporter illégalement dans ses bagages. L’entrée en France d’animaux non identifiés et non vaccinés, originaires de pays non indemnes de rage, est rigoureusement interdite. Ainsi, au-delà du risque et des graves conséquences sanitaires et économiques, qui ramène et sème la rage est passible de sanctions pénales.
Les démarches préalables pour voyager avec un animal de compagnie sont également précisées : prendre contact avec son vétérinaire quatre mois avant le départ, s’assurer que l’animal possède un passeport, que ses vaccins sont à jour, prévoir une prise de sang pour les pays à risque. En outre, au retour en France, l’animal doit impérativement être présenté aux services des Douanes.
Bien entendu, les vétérinaires sont en première ligne pour accompagner les propriétaires d’animaux en matière de prévention et détecter les cas de rage. Le ministère met à leur disposition un kit de communication comprenant une affiche, un dépliant (cliquer ici) et un clip vidéo téléchargeable sur son site (http://agriculture.gouv.fr/transport).
Concernant la réglementation, l’Ordre des vétérinaires rappelle de son côté que si les conditions de sortie de France vers un autre pays sont souvent bien respectées, il est important de penser aux exigences qui concernent le retour des animaux dans l’Union européenne. De même, il faut être attentif au fait que si la réglementation en vigueur au sein de l’Union reconnaît comme valables des délais de rappel supérieurs à un an pour la vaccination antirabique (hormis le cas du rappel qui suit la primovaccination), il n’en est pas de même pour les pays tiers : le vétérinaire devra donc adapter ce délai aux exigences du pays de destination du voyage.
La prochaine journée mondiale contre la rage aura lieu le 28 septembre 2015.
La rage, une maladie toujours d’actualité : recommandations aux voyageurs
Vidéo réalisée par le ministère espagnol de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement. Seule différence avec l’Espagne, en France, la période de surveillance est de 6 mois.