Les chiens seraient devenus plus difficiles à éduquer au fur et à mesure que la pandémie de Covid-19 progressait, bien que la situation semble s’être améliorée depuis qu’elle a pris fin. Une vaste étude américaine incluant 47 444 chiens établit un profil comportemental de référence entre 2020 et 2023 au sein du Dog Aging Project (DAP).

En moyenne, les chiens suivis après 2020 (2021-2023) ont été jugés moins aptes au dressage par leurs propriétaires que ceux suivis en 2020, une tendance qui s’atténue en 2023, suggérant un réajustement des routines éducatives après la pandémie. Dans le cadre du DAP (étude biologique à long terme du vieillissement chez le chien), l’objectif des auteurs est de suivre ces mêmes chiens sur la durée pour relier l’évolution du comportement et l’état de santé.

Un test comportemental fondé sur quatre critères

Les chercheurs ont réduit les quatorze catégories de la grille C-Barq (questionnaire d’évaluation du profil comportemental canin) à quatre facteurs principaux : peur, recherche d’attention, agressivité et aptitude au dressage. Ces quatre axes expliquent environ la moitié de la variabilité des scores adjugés par les propriétaires et servent de base aux comparaisons selon l’année et les caractéristiques du chien (âge, sexe, sexe, taille, type racial, activité, région). Les scores moyens d’aptitude au dressage (mesurant la réceptivité des chiens à l’éducation) étaient plus élevés chez les chiens inclus dans l’enquête de 2020, mais plus faibles de 2021 à 2023, reflétant peut-être les difficultés rencontrées pour dresser un chiot adopté au début de la pandémie. Notamment, dès 2023, ces moyennes ont commencé à se rapprocher des scores de 2020, ce qui signifie que les chiens (et leurs maîtres) ont probablement commencé à maîtriser les routines éducatives avec le retour à la normale.

Des profils différents selon la race, la taille, le sexe et l’âge

En moyenne, les chiens croisés de l’étude étaient plus craintifs, nécessitaient davantage d’attention et présentaient plus de comportements agressifs que les chiens de race pure, selon leurs propriétaires. Les auteurs suggèrent que cette différence pourrait s’expliquer par le fait que les chiens croisés sont plus susceptibles d’avoir été adoptés dans des refuges et des associations de protection animale, et ont donc vécu des situations plus stressantes ou traumatisantes. L’âge, le sexe et la taille étaient également associés à des différences de comportement chez les chiens. Les propriétaires de chiots ont indiqué qu’ils nécessitaient davantage d’attention, étaient moins craintifs et agressifs, mais aussi moins faciles à éduquer que les chiens plus âgés. En moyenne, les chiens mâles avaient tendance à être moins peureux, plus agressifs et plus difficiles à éduquer que les femelles. Les chiens de petite taille avaient également tendance à être plus craintifs, plus agressifs et moins faciles à éduquer que ceux de grande taille.

Un contexte qui a pesé sur le comportement canin

Les propriétaires de chiens ayant participé à l’enquête de 2020 ont signalé des niveaux d’agressivité plus élevés chez leurs animaux que ceux ayant répondu à l’enquête en 2023. Cela pourrait être dû au stress dans l’environnement domestique des chiens pendant la pandémie de Covid-19, ainsi qu’à la diminution des occasions d’interaction sociale pendant les confinements.

Intérêts pour les propriétaires, les éducateurs et les vétérinaires

Mieux comprendre le comportement canin peut aider les propriétaires à améliorer leur relation avec leurs animaux et à veiller sur leur santé et leur bien-être. Cette enquête à grande échelle fournit les premières données de référence sur les caractéristiques comportementales moyennes des chiens. En sensibilisant à la détection précoce de certains signes comportementaux (douleur, déclin cognitif, stress environnemental), elle facilite le suivi clinique et pourra servir de point de départ pour suivre l’évolution du comportement de dizaines de milliers de chiens au fil du temps, ce qui permettra à terme d’évaluer le lien entre comportement et santé.