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E. coli chez l’animal de compagnie : une bactérie au potentiel zoonotique qui menace la santé publique

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E. coli chez l’animal de compagnie : une bactérie au potentiel zoonotique qui menace la santé publique
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Une nouvelle étude met en lumière les risques de transmission de bactéries Escherichia coli pathogènes, résistantes aux antibiotiques, entre chiens, chats et humains.

 

Des infections urinaires courantes chez l’humain et l’animal

Les infections urinaires représentent l’une des maladies bactériennes les plus fréquentes chez l’humain. Elles touchent également largement les animaux de compagnie, notamment les chiens et les chats. Dans la majorité des cas, l’agent pathogène incriminé est Escherichia coli.

Reste à savoir si ces infections, courantes chez les carnivores domestiques, peuvent présenter un risque zoonotique, c’est-à-dire être transmissibles de l’animal à l’humain. L’étude apporte des éléments de réponse inquiétants : certaines souches d’E. coli responsables d’infections urinaires chez le chien et le chat présentent une forte parenté génétique avec celles isolées chez les patients humains.

 

Des souches partagées entre animaux et humains

Les chercheurs ont collecté et analysé des échantillons d’urine de chiens et de chats atteints d’une infection urinaire. Grâce au typage génétique, ils ont identifié plusieurs lignées (ST) caractéristiques des souches pathogènes extra-intestinales, connues pour provoquer de graves infections urinaires chez l’humain. Les résultats révèlent que les souches ST12, ST127 et ST141, retrouvées chez les animaux, sont également fréquemment impliquées dans les infections urinaires humaines. Plus inquiétant encore, environ un tiers des souches étudiées partagent une forte similitude génétique avec celles isolées chez des patients humains. Cette proximité suggère une possible circulation des mêmes clones bactériens entre animaux et humains vivant dans un même foyer.

 

Le rôle central de la résistance aux antibiotiques

Au-delà de la similarité génétique, l’étude met en évidence un autre facteur aggravant : l’antibiorésistance. Certaines souches isolées chez les animaux produisent des β-lactamases à spectre étendu ou des enzymes de type adénosine monophosphate cyclique, rendant inefficaces plusieurs familles d’antibiotiques utilisés en médecine vétérinaire et humaine.

Des lignées bien connues comme ST131 et ST648, souvent impliquées dans des infections multirésistantes chez l’humain, ont aussi été retrouvées chez les animaux de compagnie. L’usage non raisonné d’antibiotiques en médecine vétérinaire est pointé comme un facteur favorisant cette sélection de clones bactériens résistants, qui peuvent ensuite se transmettre à l’humain.

 

Des preuves de transmission zoonotique documentées

Ce risque n’est pas qu’une hypothèse théorique. Des études antérieures ont déjà décrit des cas de transmission. En 2007, des chiens porteurs de la bactérie ont été à l’origine d’un foyer d’infection à E. coli O157:H7, qui a touché plusieurs enfants. Plus récemment, des enquêtes menées dans des hôpitaux vétérinaires ont mis en évidence une circulation de souches multirésistantes entre les animaux et le personnel soignant. La similarité des gènes de virulence observée entre les isolats humain et animal constitue donc un signal fort : les animaux de compagnie peuvent agir comme des réservoirs silencieux de souches pathogènes résistantes, avec un risque tangible de transmission à leurs propriétaires.

 

Facteurs de risque : alimentation et contacts

L’étude rappelle également que certaines pratiques augmentent les risques. Les régimes alimentaires à base de viande crue (Barf) distribués aux animaux sont régulièrement incriminés comme une source de souches pathogènes, notamment d’E. coli productrices de shigatoxines (Stec). Ces bactéries peuvent contaminer les animaux, puis se transmettre aux humains via des contacts étroits. Or, la proximité physique entre propriétaires et animaux de compagnie (partage du lit, léchage, manipulation de la litière) multiplie les opportunités de passage des bactéries d’un hôte à l’autre.

 

Implications pour la santé publique et animale

Ces résultats soulèvent des inquiétudes majeures en matière de santé publique. Les infections urinaires sont déjà difficiles à traiter lorsque les souches sont multirésistantes. Si les animaux de compagnie deviennent des vecteurs de ces souches, la stratégie thérapeutique pourrait devenir encore plus complexe.

Les chercheurs plaident pour une surveillance renforcée selon une approche “One Health” intégrant la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale. Leurs recommandations incluent :

  • une réduction de l’usage des antibiotiques en médecine vétérinaire ;
  • une surveillance épidémiologique systématique des infections urinaires animales ;
  • l’éducation des propriétaires aux bonnes pratiques d’hygiène et d’alimentation ;
  • un suivi rapproché des souches bactériennes circulant entre les animaux et les humains.

 

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