samedi, novembre 23, 2024
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Immunité croisée : du lait de vache pour lutter contre la Covid-19 ?

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Immunité croisée : du lait de vache pour lutter contre la Covid-19 ?

Le Sars-CoV-2 possède de nombreux points communs avec les autres coronavirus de la même famille, à tel point qu’une immunité croisée serait possible. Les chercheurs veulent évaluer le potentiel curatif d’anticorps dirigés contre un coronavirus bovin à l’encontre du virus pandémique. Facilement produits à faible coût, ils pourraient être consommés sous la forme de lait de vaches immunisées.

 

En ces temps de pandémie de Covid-19, les solutions pour traiter l’infection par le coronavirus restent maigres. Comme pour de nombreux virus, il n’existe toujours pas de traitement efficace spécifique contre le Sars-CoV-2. Pour traiter les cas graves, il devient urgent de trouver des mécanismes et des stratégies immunitaires et pharmacologiques pour contrôler la maladie. Les vaccins qui construisent une défense immunitaire préventive ont montré leur efficacité et certains anticorps sont déjà utilisés pour neutraliser le virus. Des chercheurs proposent maintenant de s’appuyer sur une immunité croisée transmise par du lait de vache immunisée.

Le Sars-CoV-2 est un coronavirus, mais il est loin d’être le seul. De nombreux autres infectent le monde animal, et notamment le BCoV, un coronavirus bovin qui provoque des gastro-entérites chez les jeunes veaux non immunisés avec de possibles complications respiratoires. Le Sars-CoV-2 et le BCoV sont des ß-coronavirus phylogénétiquement très proches qui conservent des caractéristiques communes. Structurellement, le BCoV est enveloppé de cinq protéines structurelles : la glycoprotéine de pointe (S), la protéine d’enveloppe (E), la protéine membranaire (M), la protéine nucléocapside (N) et l’hémagglutinine-estérase (HE) protéine. La structure du Sars-CoV-2 contient également les quatre premières. Parmi ces protéines en commun, on retrouve notamment la protéine Spike (S). C’est cette même protéine, largement exposée à la surface virale, qui provoque une réponse immunitaire contre le virus et qui constitue une structure immunodominante contre laquelle sont dirigés les vaccins développés jusqu’à présent.

Différentes études démontrent que cette similarité entre les virus fait naître une immunité croisée puisque les virus conservent ces épitopes partagés. Les chercheurs proposent donc de s’appuyer sur l’immunité passive hétérologue du BCoV, provoquée par le lait de vaches immunisées, comme thérapie immunostimulante pour contrôler l’infection par le Sars-CoV-2. Le lait de vache contient en effet plus de 30 g/l de protéines, dont près de 1 g/l d’immunoglobulines, voire plus de 200 g/l dans le colostrum. Ces anticorps dans le lait bovin survivent à l’exposition gastrique et résistent à la digestion protéolytique dans l’estomac et l’intestin. Ainsi, le lait maternel confère une immunité passive qui a un effet protecteur remarquable contre la plupart des maladies infectieuses des animaux et a été bien étudiée pour presque tous les coronavirus d’intérêt vétérinaire. La présence d’anticorps spécifiques au Sars-CoV-2 a également été détectée dans le lait humain.

En toute logique, du lait de vache immunisée contre le BCoV permettrait d’activer le système immunitaire intestinal contre le virus, et par la même occasion provoquerait une immunité croisée avec le Sars-CoV-2, grâce à une reconnaissance antigénique de certaines structures en commun, hautement conservées, notamment M et S. Des anticorps anti-BCoV présents dans le lait entraîneraient une inactivation totale ou partielle du Sars-CoV-2, agissant un peu comme un vaccin et aidant la réponse immunitaire spécifique.

Au-delà de ces mécanismes, les chercheurs souhaitent pousser les recherches pour explorer l’efficacité du lait immunisé et d’autres composés immunitaires (dérivés du lait, jaune d’œuf, etc.) dans le contrôle de la Covid-19 chez les patients humains. En raison de leur importance économique, médicale et épidémiologique, différents vaccins commerciaux contre le BCoV (y compris les virus vivants et inactivés) sont actuellement disponibles et ont montré un excellent effet protecteur. Il serait donc relativement facile et bon marché d’obtenir du lait immunisé dans les plus brefs délais et en grande quantité, pour le bénéfice de tous.

 

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