La découverte d’un virus de l’hépatite B jusqu’alors inconnu, chez les ânes et les zèbres, ouvre de nouvelles opportunités pour comprendre l’évolution de la maladie. Jusqu’à présent, le manque de modèle animal pour étudier cette affection chronique chez l’homme retardait le développement de traitements ciblés.
En France, 300 000 personnes sont atteintes d’une hépatite B chronique, une maladie responsable de la mort de plus de 800 000 personnes dans le monde chaque année. Le nombre élevé d’évolutions chroniques est particulièrement problématique pour la santé publique mondiale et, à ce jour, aucune perspective thérapeutique n’est en vue. Il existe un besoin urgent de traitements, mais leur développement est entravé par le manque de modèles animaux adéquats. Une découverte récente pourrait changer la donne.
Des chercheurs allemands ont décrit pour la première fois un virus apparenté à celui de l’hépatite B (VHB) chez des ânes et des zèbres, qui serait apparu en Afrique au moment de la domestication de ces équidés, il y a quelques milliers d’années. Des analyses moléculaires, histopathologiques et biochimiques ont révélé que les schémas d’infection de cet Equid VHB ressemblent à ceux observés chez l’homme, y compris les lésions hépatiques modérées, la stase évolutive et la transmission horizontale potentielle du virus. Il provoque une maladie hépatotrope comparable à l’infection humaine et des troubles prolongés ressemblant à l’hépatite B chronique qui sévit chez l’homme. Mais les deux virus ne sont pas parfaitement identiques. L’Equid VHB est en effet incapable d’infecter les cellules hépatiques humaines.
Cette découverte arrive cinq ans après l’identification, chez l’âne également, de virus génétiquement apparentés à celui de l’hépatite C (VHC) humaine. Étant donné que l’homme est souvent coinfecté par les VHC et VHB, les chercheurs s’étaient lancés dans des études sérologiques, histopathologiques, évolutives et de biologie moléculaire étendues pour retrouver le virus de l’hépatite B chez l’animal. Ils ont étudié près de 3 000 échantillons d’équidés (ânes, zèbres et chevaux) sur les cinq continents. Au final, 3,2 % des ânes et des zèbres testés par polymerase chain reaction (PCR) sont revenus positifs pour le nouveau virus et des anticorps contre l’Equid VHB ont pu être retrouvés chez 5,4 % des animaux. Des anticorps contre l’Equid VHC ont été codétectés chez 26,5 % des ânes séropositifs pour l’Equid VHB, corroborant la sensibilité aux deux virus de l’hépatite. Des études d’infection in vitro suggèrent que les chevaux sont également sensibles au nouveau virus.
La découverte de l’Equid VHB offre ainsi une opportunité unique d’étudier in vivo l’hépatite B chronique, de comprendre l’évolution de la maladie, donc d’atténuer ou de prévenir ses manifestations cliniques graves. Ces travaux ouvrent aussi la voie à des tests précliniques chez les animaux afin de trouver de nouvelles solutions thérapeutiques contre le VHB susceptibles de bénéficier à l’homme comme à l’animal. L’étude des interactions VHB/VHC lors de la coinfection devient également possible, avec pour objectif de mieux comprendre la pathogenèse dans l’optique d’une éventuelle optimisation thérapeutique.