Douze personnes ont été arrêtées, dont neuf vétérinaires, deux marchands de chevaux et l’actuel directeur de cabinet du maire de Narbonne, le 7 octobre, dans le cadre d’un trafic de viande de cheval impropre à la consommation humaine. Ces interpellations s’inscrivent dans le cadre d’une enquête ouverte en décembre 2013 à Marseille. À l’époque, dix personnes, dont le négociant en viande narbonnais Patrick Rochette, soupçonné d’être l’organisateur de ce trafic basé dans l’Aude, avait été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire.
Cette nouvelle étape dans l’affaire met en cause des professionnels de la filière qui ont participé à la fraude, et notamment ceux qui ont contribué à la falsification des documents d’identification des chevaux. Achetés à des particuliers, à des centres équestres, voire à un laboratoire du groupe Sanofi, ces animaux normalement exclus de la consommation humaine étaient pourtant revendus et réintroduits dans la filière bouchère.
En moyenne, le négociant Patrick Rochette envoyait à l’abattoir de Narbonne une dizaine de chevaux par semaine, pourvus de faux documents. Leur viande entrait ainsi frauduleusement dans la chaîne alimentaire. Les enquêteurs soupçonnent en outre une ramification du trafic en Espagne, via l’abattoir de Gérone.
Une perquisition a eu lieu le 5 octobre dans la chambre froide de la boucherie ouverte en 2011 par le grossiste en viande chevaline à la tête de ce réseau. Les carcasses saisies feront l’objet d’une analyse.
Entre 2010 et 2013, les autorités françaises estiment à 4 700 le nombre de chevaux impropres à la consommation humaine qui ont été abattus et consommés en France, même si seulement 400 passeports présentant des anomalies ont été détectés. Dans ce contexte, l’association Equi-Ethic, attachée à l’amélioration du bien-être des équidés, milite pour une filière bouchère équine exemplaire en termes de transparence et de traçabilité, via un cahier des charges plus strict. Pour cela, elle suggère de fournir les moyens à la profession vétérinaire de contrôler le devenir des chevaux dans le cadre d’un mandat sanitaire.