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Race brachycéphale : le bouledogue anglais victime de son succès

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Race brachycéphale : le bouledogue anglais victime de son succès

La trop faible diversité génétique chez le bouledogue anglais est inquiétante pour l’avenir de la race. Une étude* récente du patrimoine génétique de 102 bouledogues anglais enregistrés révèle en effet que de larges régions du génome sont identiques d’un chien à l’autre. Cette consanguinité ne permet pas d’envisager la correction des anomalies génotypiques et phénotypiques liées aux nombreux problèmes de santé observés chez ce chien, ni d’éliminer les mutations récessives délétères. Croiser l’english bulldog avec une race apparentée, comme l’olde english bulldogge, serait la meilleure façon d’assurer sa survie, estiment les auteurs de l’étude.

 

English Bulldog bouledogue anglais brachycephale hypertypeLe bouledogue anglais est l’une des races de chiens les plus populaires dans le monde. Mais c’est aussi une race brachycéphale à la santé fragile, prédisposée aux troubles respiratoires et cardiaques, aux affections cutanées et articulaires, aux infections oculaires, etc. La prise en charge de ces problèmes de santé, associés aux dérives génétiques de l’hypertype, passe essentiellement par la chirurgie, à commencer par la mise bas qui exige une césarienne quasi systématique. En outre, ils s’accompagnent souvent d’une qualité de vie dégradée, d’une obésité due à une intolérance à l’exercice et d’une espérance de vie raccourcie (8 à 10 ans en moyenne).

La situation de consanguinité actuelle est notamment le résultat de la pression de sélection vers un hypertype au museau court et retroussé, ciblant avant tout des traits physiques spécifiques, sans tenir compte des conséquences en termes de santé et de bien-être animal. Selon les chercheurs, la trop faible variété génétique actuelle de la race est due à une population fondatrice réduite (l’élevage a commencé au XIXe siècle avec seulement 68 individus) et à des goulets d’étranglement génétiques artificiels intervenus depuis, causés par l’élevage sélectif.

Ainsi, tenter d’inverser la tendance via la sélection pour améliorer la santé de la race, en manipulant et en n’utilisant que les lignées existantes, est voué à l’échec. La meilleure façon d’obtenir davantage de variété génétique et de réduire le risque de maladie héréditaire est de croiser le bouledogue anglais avec une race apparentée, mais génétiquement distincte. Le candidat adéquat pour favoriser la mise en place de ce nouveau matériel génétique pourrait être l’olde english bulldogge, une race créée dans les années 1970 par un éleveur américain pour revenir au bouledogue de travail plus sain qui existait en Angleterre dans les années 1800.

Les 102 bouledogues anglais enregistrés retenus dans l’étude ont été génétiquement comparés à 37 chiens supplémentaires, présentés à la clinique vétérinaire de l’université de Californie (UC Davis) pour des troubles de santé. Les résultats ne montrent pas de différence génétique entre les chiens de race enregistrés et ceux issus d’élevages commerciaux, confirmant ainsi qu’il n’y a pas d’évolution en cours vers une conformation plus saine.

 

* Niels Pedersen et coll. : A genetic assessment of the English bulldog, Canine Genetics and Epidemiology, 29 juillet 2016, https://cgejournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40575-016-0036-y

 

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